L’abolition de l’esclavage à Saint-Barthelemy est effective au 9 octobre 1847.
Les esclaves ont été estimés par le comité mis en place par les autorités pour dédomager les propriétaires. Très souvent, les esclaves eux mêmes ont été obligés de participer à ce dédomagement avec leurs économies.
Le 23 septembre 1847, une poignée de jours avant l’abolition totale de l’esclavage sur notre île, Jean Jacques « appartenant » à Mr Joseph LÉDÉE « Pont » envoie cette terrible lettre au Gouverneur.
Malheureusement, il n’est pas le seul dans cette situation dans ces mois qui précédent l’abolition. Abandonnés par leurs maitres qui ne se sentent plus aucune responsabilité envers leurs anciens esclaves, puisqu’ils ne peuvent plus rien leur rapporter, ces pauvres hères se retrouvent sans rien, et, pour peu qu’ils soient malades ou vieux, ils sont dans une situation désespérée.
« Depuis que j’ai été estimé, le malheur a voulu que j’ai tombé malade. Me voyant sans logement, et sans aucun secours de monsieur Joseph LÉDÉE « Pont » mon maitre, je me suis rendu chez monsieur Jean Baptiste QUESTEL « Divin » qui a eu la bonté de me laisser loger chez mademoiselle Scolastique son sujet ci-devant. Donc, que cette charitable personne a eu soin de moi comme une mère auprès de son enfant.
Voyant que je n’avais aucun secours de mon maitre, pour m’avoir quelques remèdes, et quelques choses pour me soulager, j’ai été forcé de faire tout sacrifice de ce que je possédais. J’ai vendu deux barils de farine manioc, un baril d’igname, des patates, tout ce que j’avais de volailles et un cochon, pour un montant total de 19,60 gourdes.
Si je n’aurais pas fait cela, je ne serais pas vivant.
Encore toujours malade, sans pouvoir travailler pour me solliciter, j’ose recourir à votre excellence, Monsieur le Gouverneur, pour vous supplier très humblement de prendre part à ma pauvre situation comme bon et vieux sujet qui a toujours servi son maitre avec respect et soumission. Mais maintenant, me voyant dans une si terrible et affreuse situation je viens implorer, Monsieur le Gouverneur, votre grâce de voir monsieur mon maitre, pour le prier de ma part, de me solliciter les moyens que j’ai disposé dans ma maladie, et que, si c’est un effet de sa bonté de m’accorder quelque chose sur ma valeur vu que je suis un homme vieux et caduc, incapable de pouvoir gagner ma vie,
En attendant cette de bonté, de vous, je suis, Monsieur le Gouverneur, votre très soumis et très obéissant serviteur ».
Joseph Emmanuel LÉDÉE dit « Pont » est propriétaire à Lorient et a vécu un temps à Puerto Rico où est née sa fille de sa première épouse, Simone BERNIER. Je n’ai pas de descendance connue.
Jean Jacques, je suis sûr que c’est lui, épouse Scolastique le 16 janvier 1849.
Il a 65 ans, et elle 67 ans et ils vivent à Petite-Saline.
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