Georges Pierre Stanislas BORICAUD est né à Pointe à Pitre le 2 février 1790. Il est le fils de Pierre BORICAUD « jeune » et de Modeste Gracieuse GIREAUD. Il semble que son grand-père paternel soit arrivé de France un peu avant 1744, sans doute des envions de Bazas en Gironde.

Il épouse Anne Perrine NEAU le 13 février 1811 à Pointe à Pitre puis semblent venir s’installer à Gustavia où il est maître d’école, peut-être un peu avant 1820.

Le 14 février 1820, le couple a une fille, mais Anne Perrine NEAU décède peu après, le 26 avril.

L’enfant est baptisée à Gustavia le 7 mai suivant, et on lui donne le même prénom que sa défunte mère.

Il semble qu’Anne Perrine BORICAUD soit envoyée vivre en Guadeloupe.

Le 8 mai 1821, Pierre Stanislas achète le lot 39 dans le quartier Barberaven à Gustavia, au nom de sa fille.

Il apparaît que Pierre Stanislas se met en ménage avec Anne « Manette » CHAUSSE. Elle est la fille d’un Italien de Gênes, Guiseppe CHIOZZA, qu’on trouve plus souvent sous Joseph CHAUSSE, et d’une Lizette « INDIENNE », née au Bengale.

Guiseppe CHIOZZA est un commerçant et capitaine de navire très riche qui décède en mer sur son bateau « Indien » lors de l’ouragan d’octobre 1817. Il semble qu’il ait été quasiment ruiné un peu avant.

Pierre et « Manette » auront de nombreux enfants naturels (ils ne sont pas mariés) mais ils sont tous reconnus et portent le nom de BORICAUD.

1. Marie Louise Églantine, née le 2 novembre 1821 et baptisée le 17 mars 1822 ;
2. Margaret Elizabeth, née le 4 septembre 1823 et baptisée le 18 janvier 1827 ;
3. Adelaïde Euphrasie, née le 14 février 1827 et baptisée le 29 juin 1830 ;
4. Georges Guillaume, né le 23 avril 1830 et baptisé le 29 juin 1830 ;
5. Zelnar Théodore, né le 03 juin 1832 et baptisé le 24 juillet 1832 ;
6. Marie Françoise, née en novembre 1834 et baptisée le 21 février 1837.

Le 24 janvier 1837, il achète le lot 61 dans le quartier Kronan de la main de Jane BERNIER.

Dans le courant des années 1830 semble-t-il, sans qu’on sache pourquoi, il cesse de se faire appeler Pierre Stanislas, et on le trouvera dorénavant sous « Saint-Preux BORICAUD ». Peut-être pense-t-il que cela lui confère une image plus intellectuelle ou mystérieuse ? Les initiales font pendant avec celles de ses prénoms usuels.

Est-ce que c’est à la même époque qu’il s’essaye à la médecine ? Oui, apparemment, il devient médecin …

On trouve une facture rédigée de sa main le 26 octobre 1837 adressée à la succession de Jean Louis L’ORANGE. Il réclame 34 gourdes pour « traitements, opérations et médicaments à sa famille et à ses sujets » desquels il a déduit 2,6 gourdes correspondant à 90 bouteilles de lait qu’il avait achetées à L’ORANGE et mises en compte, soit une balance de 31,60 … (il ne devait pas être très bon en mathématiques).

Le 26 décembre de l’année suivante, il relance le Conseil de Justice afin d’obtenir le règlement des 34 gourdes.

Il semble que le paiement de cette facture lui soit refusé par la Cour, alors il envoie cette magnifique réponse le 26 février 1839 :

« Ayant pris connaissance de l’objection que Mr Thomas DINZEY a rendu à la Cour contre la réclamation de trente et une gourdes que j’ai fait dans la succession de feu L. LORANGE sous prétexte que je n’étais pas autorisé de pratiquer la médecine, j’ai l’honneur d’exposer à l’honorable Cour, qu’à l’absence du Docteur LEUREN, Monsieur le Commandant m’a permis de le faire, et je fus même employé par les militaires du fort. A l’arrivée du Docteur LEUREN, il m’a autorisé à exercer envers les personnes qui auraient confiance en moi, et je fus aussi employé par lui-même pour diverses opérations ce qui m’a toléré à pratiquer cette partie ».

Il termine donc en réclamant son dû, mais je n’ai pas le fin mot de cette affaire.

Le 4 février 1840, Anne Perrine BORICAUD épouse Alexis Charles FERRAULT aux Abymes en Guadeloupe. Il est natif d’Angers, résidant à Bordeaux et dit serrurier.

Georges Pierre Stanislas BORICAUD dit « Saint-Preux » décède le 26 juin 1840 à Gustavia, et d’après la succession, il semble qu’Anne Perrine soit confirmée propriétaire du lot 39.

Le lot 61 est vendu peu après au Capitaine Patrick QUIN originaire d’Irlande.

Le 17 mai 1841, Anne Perrine et Alexis Charles FERAULT donnent naissance à une fille, Anne Armantine FERAULT à Petit-Canal. Malheureusement, le passé semble rattraper le présent, et se rejoue le terrible scenario. La maman décède le 25 juillet 1841 aux Abymes, puis, Anne Armantine, peu après, le 3 avril 1842.

Il semble que de tous les enfants de Saint-Preux et Manette, seule Margaret Elisabeth BORICAUD survive. Le 19 août 1856, elle épouse Gustaf EKERMAN.

Gustaf EKERMAN est né à Gustavia le 4 janvier 1811, fils du Suédois Gustaf EKERMAN et d’Aletta Beverhoudt HASSELL originaire de Saint-Eustache.

Gustaf EKERMAN fils occupe de nombreuses fonctions dans l’administration de notre île. Avant d’épouser notre Margareth BORICAUD, Gustaf a été marié avec Thérèse BONHOMME, décédée en 1841, avec qui il avait eu trois filles.

Gustaf et Margareth auront un total de neuf enfants avec une descendance très importante encore de nos jours.

1. Zulma, née le 6 mai 1843 (nous allons y revenir plus bas) ;

• Elize Amantine Elizabeth, née en 1845 et qui épouse Thomas Payne HARVEY en 1867, un commerçant de Gustavia ;

• Gustaf, né le 21 juin 1847 et qui épouse Georgina SIMMONS de Saba en 1879 ;

• Merline Émilie, née le 6 octobre 1849, elle épouse d’abord Eugène Hippolyte DUCHATELLARD le jour de la rétrocession de l’île, et ils auront quatre enfants, puis, en 1892, en deuxièmes noces, Jean Bertrand SOURD qui sera maire en 1902 ;

• John Paul Magnus, né le 26 novembre 1851 et qui aura plusieurs femmes, dont Sophia Virginia BREVINK, avec qui il aura deux enfants en « alternance », avec Albertine Elisabeth « Alberta » LÉDÉE, avec qui il aura trois enfants. On peut noter ici qu’Albertine LÉDÉE a également plusieurs enfants avec Eugène Hippolyte DUCHATELLARD (qu’on vient de voir plus haut) ;

• James Clément, né le 26 avril 1854, je ne sais pas s’il y a descendance ;

• Carl Théodore, né le 2 mai 1856, je ne sais pas s’il y a descendance ;

• Ida Pauline, née le 12 janvier 1859, décédée en 1861.

Beaucoup de ces enfants ont émigré aux Etats-Unis et il s’y trouve de nos jours une grande descendance. Mais revenons à Zulma puisque c’est pour ses descendants que j’écris cet article.

Zulma EKERMAN épouse Julien Oscar FLORANDIN le 13 juillet 1865.

Julien Oscar est marchand, Conseiller dans le gouvernement suédois, puis, à la rétrocession, secrétaire de mairie. Il est le fils de François et de Marie LOQUET.

Le couple aura plusieurs enfants dont :

1-Lucien Octave, né le 31 mai 1866. Il est employé municipal, et il épouse Johanna Gertrude Scopean HASSELL le 15 novembre 1892. Leurs deux enfants émigrent en Amérique ;

2-Carl Hildevert, né le 3 mai 1869, qui émigre à New-York en 1894 ;

3-Marguerite Virginia, née le 14 juin 1870, qui émigre à New-York en 1904 ;

4-Joseph Oscar, né le 1^er novembre 1876, qui se marie en Guadeloupe en 1904, et qui y sera Consul des Etats-Unis ;

5-… et Marie Thérèse Zulma dont nous allons suivre la piste à présent, et qui naît le 25 octobre 1871.

Marie Thérèse FLORANDIN épouse Charles Hamilton HASSELL le 24 avril 1894.

Charles Hamilton HASSELL est né à Gustavia le 24 décembre 1863. Il est marin, puis armateur, et finalement harbour master. Il est le fils de Thomas Mardenborough, natif de Saba, et de Marie Anne Louise HARVEY native de Gustavia.

Charles Hamilton et Marie Thérèse auront plusieurs enfants (six) avec une grande descendance en particulier par :

1. Louise Marguerite Marie, née en 1895, qui épouse Louis Ferdinand DANIEL (famille originaire du Corossol et de l’Andrieux) en 1911 ;

• Marie Thérèse Zulma Léonie, née le 21 octobre 1904, elle épouse Pierre Louis Edouard MAGRAS le 5 septembre 1922 à Gustavia.

C’est par ce dernier couple, que, toujours aujourd’hui, il y a sur notre île des descendants de Saint-Preux BORICAUD, Guiseppe CHIOZZA, Lizette « INDIENNE », Gustaf EKERMAN, Aletta HASSELL, François FLORANDIN, Abraham Junior WOODS, William HARVEY, James Benjamin HASSELL et Rebecca MARDENBOROUGH pour n’en citer que quelques-uns.

Cette famille est à elle seule un récapitulatif complet de l’histoire de l’île, remontant aux premiers habitants, passant par la Suède, l’Italie, la Guadeloupe, Saint-Eustache, Saba et mêmes les Indes !

Le grand melting-pot caribéen !

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