La bibliothèque d’Adrianna HANSEN

Le 20 septembre 1853, à la demande de William Benjamin HODGE, exécuteur de son testament, on procède à l’inventaire des biens ayant appartenu à Madame Adrianna HANSEN.

Adrianna est la fille d’Adolphe Frederick HANSEN, commerçant Suédois arrivé à Saint-Barthélemy avec son associé RÖHL juste avant les officiels Suédois en 1785. Son père fut un personnage très influent dès l’installation des Suédois sur notre île. Il doit sans doute une grande partie de sa richesse à la traite négrière, et doit être un des rares commerçant de Gustavia à ne pas avoir connu la ruine. Le 15 mars 1786, HANSEN a épousé la riche héritière Judith BENNERS à Saint-Eustache d’où elle était native. C’est là qu’Adrianna est née également.

Adrianna HANSEN épouse Jacob LEURÉN, docteur en médecine pour le gouvernement, en 1815 (en juillet à Saint-Eustache, puis en septembre, à Saint-Barthélemy).

Inutile de préciser qu’ils sont très riches, propriétaires en ville et à la campagne, de terrains et maisons ; nous y reviendrons dans un prochain article, tant il y a à dire.

Adrianna est décédée à Stockholm le 17 mai 1853, de fièvres inflammatoires (le WWW indique qu’elle décède à Gustavia, mais les documents indiquent bien Stockholm). Il est écrit que la nouvelle de sa mort est arrivée ici le 24 juin, mais sans information concernant les biens. Son testament, rédigé le 13 du même mois, arrive à Gustavia le 21 juillet et est enregistré à la Cour de Justice le 26 aout.

Comme il n’y a pas d’enfants, tous les biens vont en usufruit à son frère Alexander HANSEN qui réside en Suède, et seront partagés à son décès entre les cousins du côté paternel.

L’inventaire et l’évaluation des biens sont fait par Moses Leverock HASSELL et Peter VLAUN.

La liste des livres trouvés dans les différentes maisons constitue une véritable bibliothèque. C’est d’ailleurs une des plus belles dont on trouve la trace dans les successions à Saint-Barthélemy durant l’époque Suédoise.

La liste des livres est partagée entre les livres en Anglais, puis en Français, en Suédois et enfin en Allemand. Les sujets abordés sont vastes. Il y a de la médecine, de la science, de la physique, ce que l’on comprend aisément étant donné que le mari d’Adrianna était docteur. Mais énormément de livres d’Histoire, de littérature, de poésie, de philosophie ou de religion.

On totalise deux-cent-quatre-vingt-cinq titres en Anglais pour un total de cinq-cents-onze volumes, le tout évalué pour cinquante-deux dollars. On y parle de la révolution Française, de poésie, de voyages en Chine, à Buneos Ayres, mais aussi « Losses of the French Mahon in 1779 », « Foreigners guide, London and Westminster », « Letters of Abelard and Eloïsa », « Letters on a settlement in Africa », « Observations on the diseases of the armay in Jamaica and Hepatitis of the East Indies”,  des livres de cuisine, des grammaires Françaises et Espagnoles, des livrets d’opéra.

De toute cette liste on retiendra particulièrement “The lying hero, or an answer to J.B Moreton’s manners and customs in the West Indies” by Samuel Augustus MATHEWS. Cet écrivain, né à Saint-Christophe, vient s’installer à Gustavia un peu avant 1800. Ce livre, publié à Sait-Eustache en 1793, est une réponse au livre de Moreton  publié en 1790 “West India Customs and Manners: Containing strictures on the soil, cultivations, produce, trade, officers, and inhabitants”. Son fis, Samuel Augustus MATHEWS, occupera un role important dans l’administration Suédoise de notre île, et sa fille, Ann Eliza, est l’ancêtre de la famille CHOISY.

Il y a quatre-vingt onze titres en Français pour un total de deux-cent-cinquante-et-un volumes, le tout, évalué pour 15 dollars. On passe du « Catéchisme militaire » au « Contrat social de Rousseau », de « L’an 2440, rêve s’il en fut jamais » à « Précis historique et experimental des phénomènes électriques depuis l’origine de cette découverte jusqu’à ce jour” ou bien “L’esprit de l’encyclopédie ou choix des articles les plus curieux, les plus agréables, les plus piquants, les plus philosophiques de ce grand dictionnaire”. Il y en a pour tous les gouts !

Il y a pour, finir, cent-cinquante-quatre volumes en Suédois, et quatre-vingt deux en Allemand.

On ne sait pas ce que sont devenus ces livres, s’ils furent envoyés en Suède ou vendus ici. En se promenant dans les deux listes transcrites des livres en Anglais et en Français, on est surpris par cette diversité, cette soif d’apprendre et de comprendre. Ce n’est pas l’image qu’on a de Gustavia à cette époque, faussée par le peu de choses qui nous en reste. Certes, tout le monde n’avait pas les moyens de s’offrir une telle collection de livres, mais on peut imaginer qu’on se les prêtait et qu’ils circulaient dans les grandes maisons de Gustavia, que ceux qui pouvaient lire, pouvaient avoir accès au savoir, ici aussi.



Catégories :GUSTAVIA, HANSEN, LEUREN, SWEDISH EPOQUE, SWEDISH PERIOD, Uncategorized

2 réponses

  1. Bonjour,

    Intéressant de voir la diversité de cette bibliothèque qui a dû être constituée avec attention et intérêt.

    Il y a des ouvrages qu’on a envie de consulter comme « L’an 2440, rêve s’il en fut jamais », un roman d’anticipation paru en 1771 dont je n’avais pas entendu parler avant.

    D’après l’article wikipedia, il semble que plusieurs de ses prophéties se réalisèrent du vivant de Mercier. « certains auteurs croient que c’est à la vogue de ce roman que l’on doit l’expression « s’en foutre comme de l’an quarante » (apparue selon Maurice Rat pour la première fois aux environs de 1790) par laquelle les royalistes, aux premiers jours de la République, auraient fait valoir leur scepticisme extrême quant au caractère réaliste des attentes exprimées dans cette utopie. »

    L’An 2440, rêve s’il en fut jamais, https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27An_2440,_r%C3%AAve_s%27il_en_fut_jamais

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  2. Fascinating lists, Thank you for your light on these primary source historical documents.

    Aimé par 1 personne

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