Jean François DÉRAVIN serait né à Fort de Saint-Pierre vers 1772, mais malheureusement, l’acte de baptême reste introuvable et son mariage à Saint-Pierre le 09 avril 1793, ne donne aucun détail sur son origine ou ses parents si ce n’est qu’il est mineur et que son mariage est autorisé par son tuteur. On pourrait penser que ses parents sont décédés déjà ou absents de la Martinique. Jean François épouse donc Marie Eulalie THOREAU (l’orthographe change beaucoup) dont la généalogie, au moins sur plusieurs branche, ramène aux premiers colons arrivés en Martinique ou Saint-Christophe. Marie Eulalie est née au Prêcheur le 25 octobre 1776.
De ce mariage sont issus deux garçons nés à Saint-Pierre, Sainte-Catherine, vers 1793, et Jean François, vers 1794. Les actes de baptême ne sont pas disponibles (sans doutes disparus). Marie Eulalie décéde le 13 juin 1794 à Saint-Pierre, vraissenblablement juste après la naissance de Jean François. C’est une époque troublée : la révolution apporte l’abolition de l’esclavage décrétée à Paris le 04 fevrier 1794, mais, dans le même temps, les Anglais attaquent et prennent la Martinique. De nombreux habitants quittent l’ile, et on peut penser que Jean François DÉRAVIN quitte la Martinique peu après le décés de Marie Eulalie.
En tous cas, on retrouve Jean François DÉRAVIN père à Saint-Barthelemy le 27 février 1799. Ce jour, devant le notaire royal et public Anders BERGSTEDT est signé le contrat du mariage qui doit l’unir à Suzanne QUESTEL. Le mariage religieux est célébré le 26 juillet 1800 à l’église de Lorient, mais il semble qu’ils sont mariés civilement le 27 février 1799. C’est sur l’acte du mariage religieux qu’on en apprend un petit peu plus (pas grand chose) sur les parents de Jean François : son père se prénome François et sa mère, Catherine ILLISIBLE. Il n’est pas précisé qu’ils sont décédés. Cela peut-être une erreur du curé, mais on peut penser qu’ils sont bien vivants toujours.
Suzanne QUESTEL est née le 4 novembre 1780 dans la paroisse de Lorient, à priori au quartier de la Saline (c’est là que né son frère Charlemagne en 1786). Ses parents sont Michel QUESTEL et Suzanne dite Jeannette LÉDÉE. Du côté de son père, Suzanne descend des couples (ses arrières grands-parents) Jacques QUESTEL / Isabelle HODE et Nicolas BRIN / Marie Magdelaine BERNIER. Du côté de sa mère, ses arrières grands-parents sont Jean René LÉDÉE / Catherine GRÉAUX et Pierre LAPLACE / Suzanne BERNIER.
Dans le contrat de mariage il est stipulé que les enfants issus du premier mariage ne seront pas intéressés dans la communauté du deuxième mariage, mais de tout ce qui pourrait composer la succession de leur mère (Marie Eulalie THOREAU). Jean François apporte 10 Moedes et deux mille Livres des colonies.
Je pense que le couple s’installe à Saline car c’est là que nait le premier enfant du couple, Jean Baptiste, le 10 juin 1802 (baptisé le 24 octobre de la même année). Le deuxième enfant est une fille, Clarice née vers 1805 (je ne retrouve pas l’acte de baptême pour l’instant).
Jean Francois est naturalisé sujet Suédois le 11 octobre 1805,

FRANOM – FSB 314 detail d’une page de la succession de Jean François DÉRAVIN
Le couple achète pour s’installer de la terre à Saint-Jean à partir du 21 novembre 1805 et encore le 19 mars 1808 (environ 12 carrés). Ils agrandissent le domaine par d’autres achats en 1808, 1809 et 1810 pour arriver à une surface d’environ 24 carrés, bordée au nord par la mer, Louis Lambert LÉDÉE au sud, à l’est par « la grande montagne » appellée la Grande Vigie qui forme la limite avec le quartier de la Grande Saline, et à l’ouest, par le Suédois Fredrik Ludvig THENSTEDT. Sur l’habitation, il y a une maison en charpente et une maison servant de case à ouragan.

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Jean François obtient son brevet de Lieutenant de milice le 26 mars 1811. Il est aussi membre de la chambre des représentants de la campagne (mais je n’ai pas la date).
Le 06 fevrier 1815, Sainte-Catherine DÉRAVIN épouse Marie Julie Adelaïde LABASTIDE née à Saint-Barthelemy le 9 mai 1798 et baptisée le 15 aout 1799, fille de Pierre Bedos de LABASTIDE (né à Petit-Canal en Guadeloupe d’un père né à Puylaurens dans le Tarn) et de Marie Magdelaine VANTRE (native de Saint-Barthelemy dont le père est natif de Marseille). Sainte-Catherine et Marie Julie Adelaïde auront 8 enfants.
Le 16 juin 1815, François épouse Marie Louise LÉDÉE née le 15 octobre 1794 sans doutes à Lorient ou Saint-Jean, fille d’Alexis LÉDÉE et de Catherine Françoise BORNICHE. Ils auront 7 enfants.
Jean Baptiste quant à lui épousera Marie Sauveur DUZANT née à Saint-Martin en 1802, fille de Jacques DUZANT et de Marie CADET (née à Londres). Les parents de Marie Sauveur la laissent orpheline très jeune, et elle sera élevée à Saint-Barth par son oncle Jean Baptiste DUZANT avant de se marier en premiere noce avec son cousin Jean Baptiste René DUZANT. Jean Baptiste DERAVIN et Marie Sauveur DUZANT auront 6 enfants avant que Marie Sauveur ne décède en 1860. Jean Baptiste se remarie en 1864 avec Jeanne Rose BERRY (née à Lorient en 1845, fille de Louis Edmond BERRY dit Joseph et de Jeanne Rose GRÉAUX). Ils auront encore 5 enfant dont la dernière nait enfant posthume 2 mois après le décès de son père Jean Baptiste.
Clarice DÉRAVIN épouse Joseph BERNIER en 1828, je n’ai pas de descendance. Clarice décède avant 1833.
Dans la succession de Jean François on peut noter aussi plusieurs points interessants :
Jean François était le fondé de pouvoir d’un certain Mr GARRIN ou GARIN de la Martinique ( il pourrait être le père d’Edouard GARRIN ancêtre de tous les GARRIN de Saint-Barthelemy). Jean François était chargé de sa procuration.
Jean François est chargé de pouvoir pour Etienne BLANCHARD. Ce BLANCHARD n’a rien à voir avec « nos » BLANCHARD actuels. Il est né à Menton dans les Alpes Maritimes et marié avec Suzanne LÉDÉE en 1802 et père de deux enfants, Joseph, 1802, et Marie Louise, 1804. En 1828 il semble s’être installé à la Dominique.
Jean François a toujours des biens en Martinique, ils sont gérés par son fondé de pouvoir, Mr Bernard ARIÉS.
La succession au décés de Jean François DÉRAVIN donne la liste des esclaves qu’il possède :
Une capresse nommée Hélène, créole de cette ile et âgée d’environ 22 ans, estimée 210 gourdes
Un capre nommé Saint-Marc, créole d’ici et âgé d’environ 12 ans, estimé 130 gourdes
Une mestive créole d’ci d’environ 16 ans nommée Alexandrine destinée à l’affranchissement, estimée 150 gourdes
Une mestive créole d’envrion 5 ans et demi, nommée Marie Josephine également destinée à l’affranchissement, estimée 60 gourdes.

FRANOM – FSB 314 detail d’une page de la succession de Jean François DÉRAVIN
Les deux derniers esclaves sont particulièrement interessants.
En effets, dans son testament, Jean François a prévu que » l’affranchissement des deux esclaves dénommés aux articles 4 & 5 sera obtenu au nom des héritiers, et que le paiement s’en fera sur la masse de la communauté, mais qu’Alexandrine, l’ainée des dites deux esclaves travaillera et acquittera en faveur des héritiers le coût de son affranchissement ; et que l’autre des dites deux esclaves restera aux soins de Madame DÉRAVIN (Suzanne) qui se charge et promet de l’élever et l’entretenir en bonne mère de famille, sans aucune repétition de part ni d’autre entre les héritiers ».
Ce passage un peu particulier se traduit comme cela : Jean François est le père de ses deux esclaves qu’il a eu avec une (des) esclaves. La mère d’Alexandrine est une certaine Marie Joseph, on peut penser qu’elle est aussi la mère de Marie Josephine. Bref, Alexandrine devra travailler pour gagner de l’argent et rembourser sa liberté … autres temps autres moeurs …
La demande de libération d’Alexandrine dite DÉRAVIN est soumise le 20 fevrier 1837. Elle épouse Edmond ou Edouard GIRAUD le 18 septembre 1856 avec qui elle aura au moins 7 enfants et des descendants toujours aujourd’hui (par les familles THÉLÈMAQUES, MARTIAL, GARRIN, PAYNE et GRÉAUX)
Il y a une autre demoiselle « dite DÉRAVIN », Adélaïde dite Adéla. Je n’ai pas pu determiner de qui elle est la fille (Jean François ou François ). Elle a une grande descendance au travers de la famille GARRIN.
Nous avons fait le tour de l’arrivée et de l’installation de la famille DÉRAVIN à Saint-Barthelemy. On peut noter que pendant longtemps, dans les actes, le nom est écrit DERAVIN, puis DÉRAVIN. La signature de Jean François porte déjà l’accent.
Une grande partie de la famille a émmigré vers la fin du 19eme siècle.
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