John PORTELLY, Dieu, et Saint-Barthelemy

Article réalisé avec l’aide d’Arlette Patrigeon-Magras, Richard Lédée, le livre » Who Was Who … » de Per Tingbrand, et la précieuse aide de Mr Tian Uddenberg, descendant des familles Portelly, Uddenberg, Lagois, Lédée, Questel, Borniche, Brin, Mutrel, Gréaux et qui vit au Canada.

 

Si les PORTELLY sont enterrés à Lorient ( et non à Saint-Jean, alors qu’ils résidaient à Gustavia) il doit bien y avoir une raison, et c’est dans l’histoire qu’il faut chercher ; d’autant qu’ils étaient Catholiques et n’auraient sans doutes jamais accepté d’être inhumés dans un cimetière, (celui de Public où on vient de les déplacer), à l’époque, Luthérien, puis Protestant et Méthodiste.

Anastase Francesco Lorenzo PORTELLY, est un capitaine commerçant originaire de l’ile de Malte où il nait en 1754. Il semble fréquenter  Saint-Barthelemy au début des années 1790 où il passe (sans doutes après l’installation des Suédois et des commerçants de Saint-Eustache) et où il prend ses habitudes avant de s’y  installer.

On peut noter que ces commerçants de Saint-Eustache avaient dû, au moins en partie, abandonner leur ile après l’effroyable sac perpétré par l’infâme amiral Anglais RODNEY en février 1781, et, l’arrivée des Suédois à Saint-Barthelemy, puis, la mise en place du port franc, est, pour eux, une aubaine qui leur permet de continuer leur commerce grâce à un réseau déjà performant.

Anastase est marié, sans doutes à la fin des années 1770 avec Catarina di PASQUALE TORPIANE (sans doutes de Malte également) avec qui il a plusieurs enfants dont Giovanni (aka John ou Jean) et Guiseppe (aka Joseph) qui naissent au début des années 1780 à La Valette à Malte (au moins John) . La première trace documentée d’Anastase PORTELLY date de 1792 et concerne la vente de la moitié de son navire. Il a 38 ans et il ne sait pas écrire.

Il a compris très tôt l’intérêt de commercer par l’intermédiaire d’un port franc entre les Antilles, les colonies d’Amérique nouvellement indépendantes et une Europe divisée et toujours en guerre, d’autant que le commerce en Méditerranée a fortement décliné avec  l’ouverture de nouvelles routes maritime. Un événement va sans doutes pousser à l’installation des PORTELLY à Saint-Barthelemy : le 12 juin 1798, Bonaparte, en route pour la campagne d’Egypte, s’empare de Malte, mettant ainsi fin à la domination de l’Ordre des Chevaliers de Malte sur cette ile. Intervenus au prétexte de rétablir les Chevaliers, les Anglais prennent Malte le 05 septembre 1800 et l’annexent en 1816.

Il semble qu’Anastase possède et habite une maison dans le quartier KRONAN sur le lot 62, en gros, où se trouve « Barthloc », en face de l’entrée de l’ancienne « CEM ».

PORTELLY KRONAN LOT 62

A sa mort, à Gustavia le 04 mai 1808, Anastase PORTELLY laisse à ses enfants, qu’il a formé au métier, et qui sont tous les deux Capitaines, une entreprise qui fonctionne bien. Anastase a établi des dépôts à Malte, Gothenburg en Suède, Hull en Angleterre, Boston aux USA, et à Gustavia. Anastase est (était) enterré à Lorient.

PORTELLY Anastase tombe Lorient

La tombe d’Anastase PORTELLY – photo R.LÉDÉE

Avec tous ces dépôts un peu partout, les PORTELLY ont sans doutes plusieurs trafics en place. Triangulaire, c’est sûr. De l’Europe vers les Antilles (sans doutes en passant – parfois ? régulièrement ? aussi ? par les côtes Africaines. Les PORTELLY ont fait des voyages de traite négrière, c’est sûr, il y a des exemple, mais on n’en connait pas l’importance pour l’instant, puis l’Amérique et retour en Europe. Il doit aussi y avoir des lignes de l’Europe vers l’Amérique puis vers les Antilles et retour en Europe. Les deux frères semblent s’être réparti le travail. Joseph gère la partie Européenne (le dépôt de Gothenburg est loué à son nom) alors que John est basé à Saint-Barthelemy d’où il semble gérer les dépôts de Gustavia et Boston ainsi que les bateaux (au moins deux).  Dans son livre « Swedish iron exports to the United States, 1783–1860 »,  Rolf Adamson donne, en 1834, l’arrivée à Boston du capitaine (John?) PORTELLY en provenance de Gothenburg avec un chargement de 237 tonnes de fer Suédois qu’il vend à la maison Boorman, Johnston and Co.

Joseph PORTELLY épouse Vincenza IMBROLL, elle est aussi vraisemblablement Maltaise, avec qui il a plusieurs enfants, nés à Malte, Antonia, vers 1814, Angelina Mary, vers 1819, et, qui naissent à Saint-Barthelemy, Anastase John, en 1823, Elizabeth Johanna, vers 1827 Theresa Jean, vers 1830, Catherine Ann, en 1833 et Thomas John, vers 1834. John, sa femme et ses enfants semblent quitter Malte vers la fin de 1822 et vient retrouver son frère à Gustavia avec qui ils vivent dans le quartier Beswäret. Joseph décède entre 1832 et 1841 et son épouse Vincenza retourne vivre à Malte avec les enfants qui lui reste, sauf Angelina Mary, nous y reviendrons plus tard.

 

John (Giovanni / Jean) PORTELLY, capitaine de navires et commerçant donc, est déjà présent à Gustavia en 1798. Il épouse Elisabeth WARNER, une native de Saint-Eustache, le 21 aout 1810, cette dernière, Anglicane de par sa famille, reconnait le 21 octobre 1834  » qu’hors de la vraie église il n’y a point de … (illisible) …et sans aucune contrainte a fait profession de la foi Catholique …(illisible)… et Romaine et abjure l’hérésie Anglicane entre …(illisible) ». Sont témoins, Rosalie PERILLIER, Angelina Mary PORTELLY, Edouard PERILLIER et Antoine SAPENNE DESLISLE.

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ANOM – abjuration de l’hérésie Anglicane par Elisabeth WARNER le 21 octobre 1834

A l’occasion de leur mariage, John fait graver tout un service en argent, et, sur chaque pièce sont gravées les initiales « EJPW » Elizabeth John Portelly Warner. Des éléments de ce service en argent ont survécu, mais, ils sont très abimés … en effet, lors de l’incendie de 1852  qui fit rage dans la partie ouest de Gustavia, la maison des PORTELLY fut détruite. Avant de quitter la maison en courant dans la nuit pour échapper à la fournaise qui va s’abattre sur eux, la famille jette l’argenterie dans la citerne et emporte avec elle tous les documents importants. A leur retour, ils découvrent que l’argenterie a tellement été chauffée par le feu que les pièces en ont été déformées (voir au bas de l’article la photo de l’argenterie).

 

John PORTELLY, en plus de ses affaires, participe aussi à la vie politique de l’ile. Il est élu en 1810 au premier conseil de l’ile et y reste semble-t-il jusque à sa mort. En 1810 il participe au mouvement de rébellion contre le gouverneur, il semble en avoir été un des instigateurs.

Fervent Catholique, John PORTELLY participe activement à la vie religieuse de l’ile, et il est entre autre élu marguiller de Gustavia en 1833 (avec William COCK). Il finance sur ses propres deniers le passage et la visite de curés venus de Saint-Martin ou de St-Kitts, la population Catholique locale étant trop pauvre pour subvenir à l’entretien d’un curé à demeure, et personne ne semblant désireux de s’installer ici.

En 1836, il écrit même une supplique (en Français, qu’il semble maitriser) au roi de Suède, Karl Johan XIV qu’il apporte lui même à Stockholm lors d’un voyage en Suède (après plusieurs rebondissements dûs à des tracasseries administratives). Il demande au roi de leur envoyer un prêtre, l’ile n’en ayant pu depuis la mort de l’abbé BARTHÉS en avril 1836. Il va jusqu’à écrire (retranscrit tel quel)   » Sans cette grace, il nous reste qu’un alternatif, ou de vivre presque en sauvages, ou de quitter la colonie. La plupart de nous préferaient plutôt de prendre cette derniere partie que de nous addresser aux Evéques de France … »

On peut noter que depuis 1818 le roi de Suède, Karl Johan XIV, est un Français né à Pau, Jean BERNADOTTE, de son nom de naissance, et ancien maréchal de France de Napoléon, La dynastie qu’il crée ainsi, les Bernadottes est toujours assise sur le trône de Suède. Cela explique sans doute cette adresse au roi de Suède en Français.

1836 petition J.Portelly Uddenberg family history collection, Tian Uddenberg 1982, Vancouver Canada cover

 

1836 petition to King by J.Portelly p1

1836 petition J.Portelly – Uddenberg family history collection, Tian Uddenberg 1982, Vancouver Canada – 1ère page

 

1836 petition J.Portelly p2

1836 petition J.Portelly – Uddenberg family history collection, Tian Uddenberg 1982, Vancouver Canada – 2eme page

1836 petition J.Portelly end

1836 petition J.Portelly – Uddenberg family history collection, Tian Uddenberg 1982, Vancouver Canada – 3eme page

Il n’y a, jusqu’en 1822, qu’une seule église Catholique, c’est celle de Lorient. A Gustavia, les Suédois ont construit une chapelle « Sophia Magdalena » que les Luthériens partagent avec les Catholiques et les Anglicans, mais elle n’est pas consacrée, et les Catholiques de Gustavia et des « quartiers de sous le vent » sont obligés de se rendre à l’église de Lorient. Les Catholiques de Gustavia decident donc d’en construire une. C’est entre 1822 et 1829 qu’est construite la nouvelle église Catholique de Gustavia.

 

Le 08 octobre 1821, la Congrégation Catholique Romaine achète à François PICHELIN le lot 217 à Gustavia

Le 05 mars 1822, la Congrégation Catholique Romaine, achète à Thomas AYE le lot 211 à Gustavia

Le 22 mai 1822, le Roi de Suède donne à la Congrégation Catholique Romaine, le lot 210 à Gustavia

 

Eglise 209-210-211-212-217-253

 

Le 02 aout 1837, un terrible et puissant cyclone endommage fortement l’église Catholique de Gustavia (un pan entier d’un mur s’effondre). Il faut reconstruire et John PORTELLY contribue à hauteur de 1000 Piastres Espagnoles ( somme que l’on peut comparer au montant estimé, à son décès en 1845, de sa fortune personnelle, 35 000 piastres). C’est une très grosse contribution ! L’église est terminé à nouveau en 1842.

Tout au long de ces années, la congrégation s’est endettée auprès de PORTELLY. Ces prêts sont garantis par les terrains que l’église possède à Gustavia, et, ne pouvant être payer en retour, PORTELLY devient propriétaire des lots 210, 211 217, et 553, le 18 janvier 1841, Mais John PORTELLY n’est pas n’importe qui, et sans doutes, ce qu’il fait ensuite, prouve qu’il a vraiment la foi. En effet, le 13 aout 1841, John PORTELLY se défait de ces terrains. Il les donne. Mais pas à n’importe qui ! Non, il ne les redonne pas à la Congrégation Catholique Romaine, mais les donne directement à Dieu  lui même, et c’est écrit noir sur blanc ( GOD) sur les fiches des lots du cadastre Suédois ! (il fait la même chose avec le lot 220 qu’il obtient le 03 novembre 1841 et donne à Dieu le 21 juin 1842).

Pour être franchement honnête avec le lecteur, je me dois ici de faire part de la théorie selon laquelle le « GOD » en question ne serait pas une référence à Dieu, mais l’acronyme de « Gift Of Deed », ce qui expliquerait que les trois lettres sont en majuscules. Tout en étant bien moins élégante et manquant de panache pour mon histoire, cette théorie s’oppose, d’après moi, à plusieurs choses : Nul part ailleurs dans le cadastre Suédois peut on retrouver cet acronyme. En effet, à chaque fois l’indication d’un don est écrite en toutes lettres, soit « by deed of gift ». De plus, l’expression n’est pas « gift of deed » (même si l’on peut « gift a deed ») mais bien « deed of gift », et donc l’acronyme aurait dû être « DOG » et non pas « GOD ». On pourrait aussi arguer que les acronymes n’étaient pas utilisés à cette époque.

Eglise 210-GODEglise 211-GODEglise 217 GODEglise 553 GOD

En tout état de cause, les PORTELLY étaient des gens profondément religieux ; une famille dans laquelle les affaires, la politique, la famille et la religion ne sont qu’un tout qui se vit de la même manière, et en même temps L’église Catholique est « leur maison », et ils estiment avoir une responsabilité, un devoir moral envers la communauté Catholique. Puisqu’ils en ont les moyens, c’est à eux de financer les dépenses auxquelles d’autres ne peuvent pas participer. Cela aussi suffit amplement à justifier l’inscription de « GOD » sur le cadastre. On peut aussi analyser l’inscription « GOD » comme un remerciement (une sorte de « thanks giving ») de John PORTELLY à Dieu pour avoir préserver sa famille pendant la terrible fièvre épidémique de 1840 qui tua beaucoup d’habitants dans l’ile et à Gustavia.

 

Dans un courrier du 1er may 1837, le gouverneur de Saint-Barthelemy, Haasum dit, en parlant de lui  » PORTELLY our great light ».

En 1844 John PORTELLY engage à Boston, pour le compte du gouvernement, un médecin Suédois qui venait d’arriver en Amérique. Ce médecin, c’est Johan August « the Elder » UDDENBERG, celui qui épousera plus tard la nièce de John et Elizabeth, Angelina Mary.

 

John PORTELLY achète aussi des terrain à Gustavia.

Bloc BESWÄRET : Ce quartier est situé entre les rues actuelles Schoelcher et Jean Bart, plus ou moins là où se trouve la nouvelle église y achète les lots suivants

338, en 1810, à la succession BECKMAN

339 et 340, en 1822 ( sous le nom d’Elizabeth), à la succession ARNAUD

331, en 1838, aux enchères

357, en 1845 (sous le nom d’Elizabeth), aux héritiers VAUGHAN

PORTELLY BESWARET 331 338 339 340 357

 

Bloc HWARFVET au départ, puis divisé en deux partie dont une appelée SJODRUVAN sur laquelle se trouvent les lots suivants.

Le 533, en 1812, à Mr George DUFFIELD

Le 319, en 1818, au gouvernement

Le 318, en 1841, à Anthony MARCIAL ( En 1809, Anthony Marcial rachète les bâtiments déjà construits par la West India Company, et, en 1822, le terrain au gouvernement). C’est dans cette maison que la famille PORTELLY habite à partir de 1841. Il y avait 3 bâtiments  côte à côte, construits en longueur et perpendiculairement entre les rues actuelles Jeanne d’Arc et Schoelcher, profitant ainsi d’une partie en hauteur (sur l’arrière, adossées au talus montant vers la rue Schoelcher). Ces bâtiments devaient se trouver en gros entre la maison de la famille Romney et le Ti-Zouk Café. La citerne devait être sur le lot 319.

Ci-dessous deux plans cadastraux du même quartier mais d’époques différentes. On voit bien sur le premier que la rue Jeanne d’Arc (Westra Strand gatan) ne se prolonge pas encore vers la rue Atwater (Hamn gatan). Sur le deuxième plan, la rue est prolongée. On voit bien aussi que le trait de la côte est modifié, et que la mer est en partie comblée (quai « Rockefeller »).

Pour revenir à l’incendie du 2 mars 1852, on peut noter qu’il commence dans une case située sur le lot 303 (au coin de la maison où habite le docteur Weill et de la petite allée piétonne qui monte vers la rue Schoelcher), en face de l’ancien restaurant l’Escale). Une certaine Jenny, cuisinière, avait mal éteint les braises du feu à la fermeture de son établissement. On voit bien que les maisons situées sur le lot 318 sont à proximité immédiate du départ du feu et les occupants de la maison n’ont pas dû avoir beaucoup de temps pour fuir.

Cet incendie détruira 135 maisons et laissera près de 500 personnes sans abri. Des secours affluent de partout, des iles environnantes, des Etats-Unis et de Suède. Le grand incendie continuera d’affaiblir l’économie de l’ile qui vivotait depuis la fin des guerres d’indépendance des colonies Espagnoles d’Amérique du sud. Jenny … quand à elle, fut condamnée à 28 jours de prison, à l’eau et au pain.

 

PORTELLY HWARFVET 318 + 319 OLDER VERSION OF sjodruvan

PORTELLY - SJODRUVAN - 318 319 533 new version of Hwarfvet

 

Bloc RYGGEN (entre les rues Jean Bart et Rue de la Colline, au sommet de La Pointe)

Le lot 384, acheté en 1814 à Venanzio FABIO (le beau-père de William COCK)

Les lots 381 et 397, achetés aux enchères en 1843

PORTELLI - RYGGEN - LOTS 381 384 397

 

Bloc YXEN ( terrains en haut de La Pointe qui ont vu sur la mer, au-dessus des falaises)

Les lots 404, 405 et 408 sont achetés en 1840 aux enchères.

PORTELLY - YXEN - LOTS 404 405 408

 

Bloc ALEN (ces terrains sont des terrains pris sur la mer. Ils correspondent aux terrains  actuels du quai Rockefeller). Ils sont au bord des quais, juste devant les entrepôts des lots 318 et 319 (que l’on a vu plus haut).

Le lot 475, en 1812 des héritiers BONNET

Le lot 476, en 1814 d’Anthony MARCIAL

Le lot 477, en 1815 de Pierre LABATUT

PORTELLY ALEN 475 476 477

 

PORTELLY land in Gustavia

positionnement approximatif des lots appartenant aux PORTELLY à Gustavia entre 1810 à 1852

 

John PORTELLY meurt lors d’un voyage en Angleterre le 10 janvier 1845, et il est vraisemblablement enterré là-bas, dans le cimetière de la  » Mariner’s Church » à Hull.

Dès avant 1832 il a rédigé un testament (comme le faisaient tous les marins d’ailleurs). Le 02 aout 1832, en présence de deux autres commerçants et du gouverneur Carl Ulrich, il en rédige un nouveau de sa main, dans lequel il « ose espérer que son épouse chérie voudra bien l’exécuter« . Il lègue tout à son épouse à l’exception de propriétés aux enfants de son frère, et 20 gourdes à l’église Catholique et 20 gourde aussi à l’église Luthérienne.

close will John Portelly 1832

derniére page du testament de John PORTELLY -Uddenberg family history collection, Tian Uddenberg 1982, Vancouver Canada

A sa mort,  Elisabeth WARNER reprend le flambeau seule, et gère les affaires de feu son mari. Elle continue aussi à tenir son role dans les affaires et la vie de la paroisse. Une note (en trop mauvais état pour être reproduite ici et à laquelle elle tenait beaucoup) lui est envoyée dans les années 1840 par les marguilliers en l’absence de son mari, et qui la nomme  » our guiding light ».

Deux autres note de 1828, signées par William COCK témoignent du profond respect que les gens avaient pour elle :

Dans cette première note Elizabeth WARNER est remerciée pour sa dernière donation (sans doutes pour la construction de l’église de Gustavia).

1828 church letter to Elizabeth WARNER-Portelly P 1

Lettre de remerciement signée par William COCK et son gendre Daniel Lynch FRENCH – page 1 – Uddenberg family history collection, Tian Uddenberg 1982, Vancouver Canada

Les marguilliers de Gustavia lui écrivent  » and we must consider you as representing your husband at the head of the Catholic body ». Ils lui font parvenir en même temps une petite bourse pour qu’elle y mette ce qu’elle pourra obtenir de ses voisins.

1828 church letter to Eizabeth WARNER-PORTELLY p 2

Lettre de remerciements signée par les marguilliers William COCK et son gendre Daniel Lynch FRENCH – Uddenberg family history collection, Tian Uddenberg 1982, Vancouver Canada

Angelina Mary (la fille de Joseph PORTELLY) épouse le médecin  John August UDDENBERG, et Elizabeth, avec qui elle a vécu jusque là, aide le couple à acheter la maison dite « UDDENBERG » (dont on voit toujours une partie de la structure inférieur à l’angle des rue Samuel Fahlberg et Gambetta). Cette maison fera l’objet d’un autre article plus tard.

John PORTELLY et Elizabeth WARNER n’ont pas eu d’enfants, mais, semble-t-il, adoptent leur nièce Angelina Mary PORTELLY. En effet, lorsque celle-ci épouse le Suédois, médecin et secrétaire du gouvernement, John August UDDENBERG le 21 février 1846 à l’église de Gustavia, il est écrit  » fille majeur et légitime de feu monsieur Joseph PORTELLY et de dame Vincenza sa veuve, fille adoptive de feu monsieur John PORTELLY et de dame Elisabeth PORTELLY sa veuve, du consentement de laquelle elle procède … »

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ANOM – mariage de John August UDDENBERG et d’Angelina Mary PORTELLY

Le docteur UDDENBERG ne compte pas son temps pour essayer de soulager la population qui souffre de maladies aggravées par la pauvreté et un manque d’hygiène. A partir de juillet 1847 il est également engagé en tant que secrétaire du gouvernement. Puis sa santé se détériore rapidement suite à une maladie attrapée au contact de ses patients. Il est atteint de fortes fièvre et saigne d’un poumon.

John August UDDENBERG décède le 23 mars 1852, quelques jours seulement après le grand incendie de Gustavia, et il est enterré à Lorient.

Tombe Uddenberg - Johnny Hallyday après Irma

Les tombes UDDENBERG avant la tombe provisoire de J.Hallyday – photo A.Patrigeon

Elizabeth WARNER meurt le 19 avril 1854 et elle est enterrée au cimetière de Lorient. A l’origine, trois tombes avaient été préparées dans les années 1830, dont une, non utilisée par John puisqu’il meurt en Angleterre et qui est donnée à quelqu’un d’autre semble-t-il.

Pourquoi sont-ils enterrés au cimetière de Lorient ? Comme on l’a vu plus haut, la famille PORTELLY est une famille qui joua un role important dans la vie de la communauté Catholique de l’ile, et être enterré là, c’est une reconnaissance pour tout ce qu’ils ont fait. Lorient, c’est l’église Catholique historique, et d’ailleurs, la croix blanche actuelle au milieu du cimetière, marque l’emplacement de l’autel de la première église « originelle ». C’est l’endroit le plus prestigieux et leur donner ces places, c’était les remercier.

PORTELLY (WARNER) Elizabeth tombe Lorient

Tombe d’Elizabeth WARNER épouse PORTELLY – photo R.LÉDÉE

.

 

Angelina Mary PORTELLY décède le 15 avril 1859, et elle est enterrée également à Lorient

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ANOM – décès d’Angelina Mary PORTELLY le 15 avril 1852, inhumée le lendemain au cimetière de Lorient

Des trois enfants UDDENBERG, August Portelly UDDENBERG dit Emilien, ira se marier en 1873 et s’installer à Saint-Kitts. Son épouse, Emilie Octavie LAGOIS, née à Saint-Barthelemy le 02 février 1852, et dont les grand-parents paternels sont Joseph LAGOIS et Marie Marthe LÉDÉE, et les grand-parents maternels, Jean Mondésir LÉDÉE et Marie Louise QUESTEL (tous de la paroisse de Lorient), y vit déjà avec ses parents.

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ANOM – baptême d’Emilie Octavie LAGOIS, Saint-Barthelemy le 25 mars 1852

Non, comme on l’a vu dans cet article, les PORTELLY et les UDDENBERG n’ont pas fait que « passer ici » par un de ses curieux détours de l’Histoire ! Non ! 

Par le couple UDDENBERG / LAGOIS, les PORTELLY ont eu des descendants, et ces descendants, éparpillés dans le monde, des iles des Antilles au Canada, des USA à l’Australie et la Nouvelle Zélande, ont une incroyable foultitude de « petits cousins  » sur notre ile … toujours ! Ces descendants ne sont pas « que » des Suédois ou des Maltais, ils sont Saint-Barth aussi !

Et celui qui voudrait croire qu’il peut dépouiller l’homme qui fait des cadeaux à Dieu devrait-il peut-être y réfléchir à deux fois...

 

Ci-dessous, les photos qui consacrent l’oubli officiel de tombes sacrifiées sur l’autel de l’ignorance et de la cupidité.

PORTELLY tombes destruction 1

PORTELLY tombes destruction 2

Les tombes PORTELLY en cours de démantèlement avant transfert vers le cimetière de Public – photo R.LÉDÉE

 

portelly public 1

Les tombes des PORTELLY sont à Public

Ci-dessous, une photo de Tian UDDENBERG montrant ce qui reste de l’argenterie qui fut jettée, enveloppée dans un sac de jute, dans la citerne de la maison des RIDDERHIERTA, pour les sauver de l’incendie de 1852.

C’est la chaleur de la fournaise qui les a fait fondre en partie ! Presque 169 ans plus tard, ces couverts en argent sont toujours dans la famille !

Photo Tian UDDENBERG



Catégories :COCK, FABIO, GUSTAVIA, LAGOIS, PORTELLY, Statia, Uncategorized, WARNER

3 réponses

  1. Beaucoup

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  2. Super, magnifique, extra ordinaire !!!! Quel travail !!! Un grand BRAVO et surtout ne Pas OUBLIER . Merci

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Rétroliens

  1. John DEDMORE, la « Resolution » et le « Mahomet » – The Saint-Barth Islander

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