Encore un procès qui nous permet d’entrevoir la vie de tous les jours à la campagne à Saint-Barth dans les années 1860. Il y est question de l’existence éphémère d’une petite boutique à Saint-Jean. On y voit presque les petites étagères et les marchandises éparses, les gens du quartier y achetant ce qu’ils ne peuvent produire eux-mêmes, des bougies, du brandy, du genièvre, du fil en pelote, du savon ou des allumettes, par exemple.
Le 20 mai 1867, Eugène GRÉAUX assigne Joseph QUESTEL de Saint-Jean devant la Cour de Justice pour dettes.
Il indique « qu’il a établi le Sieur Joseph QUESTEL dans une boutique au quartier de Saint-Jean » et « qu’il y a fait toutes les fournitures et mises de fonds nécessaires pour faire marcher et prospérer la dite boutique ».
La boutique existe depuis le 12 mai 1866, mais Eugène GRÉAUX écrit qu’il « n’a pu obtenir que de faibles acomptes, qui ne peuvent couvrir son capital ».
L’investisseur se plaint de n’obtenir aucune explication en ce qui concerne « le déficit constaté dans sa mise de fonds ». Il est créancier pour une somme principale de quarante-neuf Gourdes et trente huit cents, « sans préjudice d’une somme de dix Gourdes fortes livrée à la mère du débiteur par son ordre exprès, plus la somme d’une Gourde et seize cents pour de la toile prise par le débiteur en personne, faisant en grand total la somme de soixante Gourdes et cinquante-quatre cents ».
Eugène GRÉAUX, « ne pouvant admettre que les marchandises vendues n’aient pas produit un bénéfice quelconque, demande que le Sieur Joseph QUESTEL soit tenu de fournir preuve contraire ».
Joseph QUESTEL est convoqué pour la séance du 24 mai 1867.

Joseph QUESTEL produit une liste de sommes dues par Eugène GRÉAUX pour divers travaux faits pour lui. Cette liste est très intéressante. On se rend compte que Joseph QUESTEL, comme de nombreaux autres habitants de cette époque, a de nombreuses activités différentes, il fabrique et répare des filets, il navigue des canots ou semble élever des cochons. On peut aussi noter qu’il scie des barils (on doit utiliser des morceaux des lattes comme des essentes ou des tuiles) pour couvrir une maison.

Compte de Mr Edmond GARRIN pour la part me revenant sur la vente d’une pièce de bois trouvée échouée sur le rivage,
-Façon de 2 pièces de seine,
-Façon de 2 pièces de filet à Balahous,
-15 journées pour réparer divers filets,
-1 goret à lui vendu,
-Réparation d’un filet,
-Pour amener un canot de la Saline à Saint-Jean,
-Payé à la veuve Jacques QUESTEL pour son compte pour solde d’un terrain acheté d’elle,
-12 jours de travail pour scier des barils pour couvrir une maison,
-Loyer d’un terrain sur lequel est bâtie sa maison
Eugène GRÉAUX a donné les marchandises ci-dessous pour l’ouverture de la boutique :

1 caisse de Cherry Cordial
1 caisse de chandelles,
1 caisse de Cognac
1 caisse de genievre – 12 flacons
1 Damejeanne de genièvre
1 … fil en pelote
1 panier de limonade gazeuse
1 caisse Cognac 24/2 bouteilles
1 caisse de savon
1 (caisse ?) grosse allumette
cigars
tabac
1 indigo
1 baril de farine
sucre
café
500 poissons
30 pipes
2 bouteilles d’huile d’olive
1/2 douzaine de vers
1 jeu de poids
1 paire balance
1 boite d’agraffe
10 gallons de rhum
Le « livre de compte de la boutique tenue par Joseph QUESTEL pour compte d’Eugène GRÉAUX » est intéressant aussi. On y voit une partie des articles en vente dans le magasin.


La « Liste des articles composant le fond de boutique pris par Eugène GRÉAUX venant de la boutique tenue par Joseph QUESTEL pour son compte ». Ce sont des dettes pour des marchandises prises mais non payées par Eugène GRÉAUX.

Il y a aussi cette longue liste des débiteurs de la boutique pour un total de presque 28 gourdes. On y voit des habitants de Saint-Jean, Salines et Lorient.


Joseph QUESTEL Je pense qu’il s’agit de Jean Joseph « Cocs » QUESTEL, né à Saint-Jean le 28 juillet 1832, fils de Jean Jacques « Cocs » QUESTEL et de Jeanne Rose LÉDÉE de Saint-Jean. Il épouse Marie Magdelaine MARTIN fille de Marc MARTIN et de Emelie Rose « Rosiette » JEAN-LOUIS égalements de Saint-Jean. Le couple aura 5 enfants d’où une trés nombreuse descendance de nos jours principalement sous QUESTEL, GRÉAUX et DUZANT.
Catégories :1866, 1867, DUZANT, Greaux, QUESTEL, saint-jean, SWEDISH EPOQUE, SWEDISH PERIOD, Uncategorized
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