Si le coton fut cultivé pendant longtemps sur notre île, et permettait d’ailleurs d’évaluer la valeur d’une terre en fonction de sa production, l’intensification de sa culture à grande échelle, aux Etats-Unis entre autres, en rendit sa culture non rentable dans la première moitié du 19eme siècle.
Comme il pousse naturellement sur notre île, on peut penser qu’on le récoltait toujours, au moins pour un usage local.
En 1860, les Etats-Unis couvrent à eux seuls 80 % de la production mondiale, alimentant principalement les manufactures anglaises. Le déclenchement de la guerre civile américaine en avril 1861 interrompt les exportations, et le monde entier souffre de la pénurie.
Certains, espérant pouvoir remplir le vide laissé par les Américains, et s’enrichir rapidement, en relance la production. Des commerçants vont jusqu’à en collecter dans d’autres îles, en faire des stocks, en attendant que les prix grimpent. C’est bien ce qui va se passer, mais cette embellie pour le coton des îles ne dure par longtemps. Très vite, le monde se tourne vers du coton produit à grande echelle et venu d’Inde, d’Egypte ou du Brésil. Le coton produit dans les îles de la Caraïbe ne fait pas le poids, et, en 1865, la guerre de Sécession terminée, la production et les exportations américaines reprennent aussitôt ; plusieurs commerçants locaux se trouvent ruinés.

La petite histoire ci-dessous se passe fin 1864, pendant cette brève période du retour de la culture du coton sur notre île.
« Les soussignés représentants de la partie du Vent de cette dite île,Ont l’honneur de vous présenter la présente pétition par l’organe du peuple, disant Messieurs qu’ils reçoivent souvent des plaintes qu’ils sont dévastés par des enfants et des personnes vagabondes qui ne travaillent point et profitent de ces prétextes spécieux pour cueillir les cotons dans les jardins de leur père ou mère, ou même des voisins qui sont ordinairement propriétaires des habitations qu’exploitent leur père ce qui leur est tout à fait préjudiciable et victimes de ces vols, puisqu’ils se voient privés de faire droit et justice aux propriétaires des dites habitations qui leurs sont confiées et très souvent leurs enfants apportent ces cotons aux marchands qui les achètent d’eux
».
Saint-Barthélemy, le 26 octobre 1864

Le texte est particulièrement alambiqué et sans ponctuation, je l’ai recopié tel quel. Il faut comprendre que des habitants qui ont planté du coton sur leurs terres, ou sur les terres qu’ils louent à d’autres propriétaires, se le font voler par des enfants qui le revendent à des marchands peu scrupuleux.
Les signataires demandent à la Cour de Justice que les ventes de coton soient réglementées ; que des enfants qui en vendraient, puissent justifier d’un ordre de leur père, ainsi attestant que la vente est légitime, et que les acheteurs soient contraints de le vérifier.
Encore une fois, on ne peut que constater que les habitants n’hésitaient pas à demander plus de règlements et plus de contrôles au Gouvernement. Enfin, on peut se demander qui étaient ces enfants et ces vagabonds qui semblent errer dans les campagnes, et s’abattre sur les champs de coton comme une plaie d’Egypte.

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Ça me donne tant envie d’aller à St Barth et en découvrir de visu ses histoires !
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Merci à vous ! Un de ces jours sans doute …
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La récolte du coton brisait le corps mais rendait l’esprit libre pour des rêves de vengeance, des images de plaisir illégal – voire d’ambitieux projets d’évasion (Toni Morrison)
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