Un coup de seine à Saint-Jean, 1865

Nous sommes en 1865, au quartier de Saint-Jean, et l’on se dispute pour un coup de seine. Les ordonnances ont beau être précises, on peut toujours ne pas être d’accord sur leur interprétation.


Le 22 février 1865, Eugène GRÉAUX, Joseph SIMÉON et Jean Baptiste AUBIN, se qualifiant de « propriétaires et associés de la seine de Saint-Jean », envoient une plainte à la Cour de Justice.


« A la date du 19 de janvier il y avait paru dans les baies de Saint-Jean (Grande Anse et Petite Anse), deux pièces de poissons. A cette apparition nous nous décidâmes et mîmes en disposition de vouloir seiner, et nous en fîmes l’aveu au sieur Louis BRIN, représentant du quartier, quand, vers les douze heures du matin, est arrivé le sieur André BRIN, avec ses filets pour pêcher ce poisson. Nous lui avons fait observer que nous étions tous disposés à seiner immédiatement, et de ne pas filoter ce poisson. Le sieur Louis BRIN, son frère, l’a autorisé en présence, des sieurs Barthelemy BERRY et Joseph QUESTEL, de pêcher, disant que la seine n’était pas embarquée, et qu’il avait donc le droit de seiner ».

FSB 247 – pétition à la cour de justice


Les trois senneurs écrivent que selon la dernière ordonnance, « toute seine en disposition de seiner, il ne sera pas permis aux pécheurs de filets de pêcher ». Et comme la leur était déjà sur le rivage, Louis BRIN aurait dû interdire à son frère de seiner. Ils estiment qu’ils sont victimes, ainsi que le public, d’un dommage. Que le poisson a été effarouché, ce qui les a privé de faire une belle pêche.


Les trois pêcheurs demandent qu’André BRIN comparaisse devant la Cour de Justice pour payer les frais de cette assignation, et le condamner pour « le désordre qu’il met aux choses qui sont si bien expliquées pour les seines ».

Le même jour, André BRIN reçoit une convocation pour se présenter à la Cour de Justice pour le 24 février.

FSB 247 – Convocation à la Cour de Justice


Le 23 février, André BRIN envoie sa réponse à la Cour.


Il indique « le 20 janvier, vers les onze heures de relevé, Henry BERNIER est venu le chercher pour filoter le cayeux qui envahissait l’Anse de Saint-Jean ». Il était « alors occupé dans sa boutique au pied du morne de la Saline ».
André se rend sur place, et en arrivant, « il a vu un lit de cayeux chassés vers le rivage par des gros poissons ». Il se prépare, mais comme il réalise qu’il lui manque les cordes nécessaires aux filets, il demande au maitre de seine, Jean Baptiste AUBIN, qui se trouvait sur la baie, d’emprunter ses cordes. Celui-ci lui en fait le prêt sans faire d’observation.
Aussitôt, André « se mit en devoir d’entourer le cayeux ». Pendant ce temps là se présente le sieur Eugène GRÉAUX « qui lui demande impérieusement de se désister ». André refuse de se plier à « cette sommation toute officieuse » et s’adresse au « sieur Louis BRIN, représentant du quartier pour obtenir l’autorisation légale, qui lui a été, sur les lieux mêmes, accordée ».

FSB 247 – signature d’André BRiN


André BRIN a donc « filoté et pris trois paniers de cayeux, il en a distribué un panier et demi aux assistants, en conformité à l’ordonnance ».
Personne ne s’est plaint en dehors d’Eugène GRÉAUX.


André BRIN demande que les signataires de la pétition soient condamnés à payer les frais de sa défense et de son déplacement.


André BRIN Je pense que c’est celui qui nait vers 1839 et qui est baptisé sous Mathieu (même si on l’appelle plutôt André) le 22 aout 1842, fils de Joseph BRIN et de Louise LÉDÉE du quartier de Saint-Jean. Il épouse Elisabeth LAPLACE le 6 aout 1862. Elle est native de la Grande Saline, fille d’Antoine « Trolle » LAPLACE et de Marianne LAPLACE. Je n’ai pas de descendance pour eux.


Joseph dit Louis BRIN, le frère du précédent, est baptisé le 12 mai 1831. Il épouse Marie Louise « Eloïse » LAPLACE le 7 mai 1862. Elle est la fille d’Antoine « Deboute » LAPLACE et de Marianne BRIN de la Grande Saline. On peut noter qu’elle est veuve en 1eres noces de François « Larigot » DANET mort assassiné à Saint-Jean. Ils n’ont pas d’enfants.


Henry BERNIER est né le 29 aout 1804 à Gustavia, fils du riche commerçant Joseph François BERNIER de Gustavia, et d’une de ses esclaves, Elizabeth HASSELL. Je n’ai rien d’autre le concernant.


Eugène GRÉAUX est né à Saint-Jean en février 1835. Il est le fils de Jean Baptiste GRÉAUX et d’une Jeanne Rose GIRAUD, sans doute une fille d’esclave. Eugène doit être métis car il épouse Anne Marie GRÉAUX née à l’anse des Cayes vers 1835, fille de Jean Jacques dit GRÉAUX et de Victorine DUZANT, tous deux anciens esclaves. Eugène a , comme tout le monde à cette époque, plusieurs occupations, et il est aussi dit « Charbonnier à Saint-Jean ». Ils ont 8 enfants mais je n’ai pas de descendance pour l’instant.


Joseph SIMÉON est né à Camaruche en 1846, fils de Jean Joseph SIMÉON et de Marie Eloïse MODESTE, très certainement des descendants d’esclave également. Je n’ai rien d’autre sur lui.


Jean Baptiste « Jean Jean » AUBIN est né vers 1822 à Saint-Jean, fils de Hippolyte Cadet AUBIN (de Grand Fond) et Catherine QUESTEL (de Saint-Jean). Il épouse Joséphine GRÉAUX de Saint-Jean en 1849, mais elle décède l’année suivante. En secondes noces il épouse Lucille ou Ursule BERNIER de Saint-Jean (je n’arrive pas à établir sa filiation pour l’instant). Ils auront 5 enfants d’où descendance de nos jours, sous SIBILLY et sous GRÉAUX, principalement sur l’île de Saint-Thomas.



Catégories :AUBIN, BERNIER, Greaux, PECHE, saint-jean, SEINE, senne, Sibilly, SIMEON, Uncategorized

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