Jean Cadet DROUILLARD

Un parfait inconnu dont la descendance aujourd’hui est pourtant immense, surtout lorsque l’on considère qu’il n’eut qu’une fille !

Je commence par le déroulé chronologique des traces que j’ai trouvé dans différents registres, et je termine avec la généalogie.

Jean DROUILLARD Capitaine

Le 15 Août 1795, Jean DROUILLARD « bourgeois de ladite île » se trouve chez le notaire royal de Saint-Barthélemy, Johan NORDERLING, afin de faire rédiger une lettre de protestation.

En effet, le 28 juillet 1795, Jean DROUILLARD s’est rendu de la Dominique à la Martinique pour y déposer des passagers. Cela n’était pas le but de son voyage, mais voilà, il venait d’être libéré après avoir été mis en prison avec son équipage, et on leur avait volé leurs affaires et l’argent qu’il leur restait, sans compter ce qu’il avait dû payer en nourriture et frais de geôle, d’arrestation, de garde à bord. Pour se remettre à flot, donc, Jean DROUILLARD prévoit d’emmener quelques passagers à la Martinique, puis, de là, prendre ce qui se présentera pour n’importe quel « pays neutre ».

Des passagers, il s’en présente beaucoup pour Saint-Barthélemy, mais « qu’au moment de s’expédier, il avait été retenu sous divers prétextes, et molesté de la manière la plus outrageante, notamment par le sieur RENAUDIN, procureur du Roi à Saint-Pierre ». On exige que le Capitaine laisse une caution s’il veut repartir avec son navire, car les papiers du bateau ne sont pas en règle. En effet, ils mentionnent toujours le nom qu’il avait avant son rachat aux enchères, « Général Hamilton ».

Sous la pression constante des autorités, fatigué par sa terrible expérience en Dominique, et craignant d’être à nouveau incarcéré, Jean DROUILLARD se décide donc à venir chercher de nouveaux papiers à Saint-Barthélemy « réclamer auprès du gouvernement la protection et l’appui dû au pavillon de sa nation comme aux sujets de sa majesté Suédoise ».

Il demande que lui soient restitués les biens qui lui ont été volés à la Dominique, ainsi que le remboursement des sommes qu’il y a payé, ainsi que le temps perdu pour lui, son équipage et son bateau. Il déclare avoir été forcé de laisser son bateau au mouillage à Saint-Pierre en bon état avec « grand-voile, deux trinquettes, un foc et un faux foc, deux cages à poule, deux ancres et deux câbles ». Il y a aussi des biens divers, dont dans sa malle, cinq rechanges, sept mouchoirs et une longue vue. Sur le pont il y a deux barils de goudron, un baril de Bray, un baril de suif, deux tierçons de bière, six douzaines de bouteilles de Porter, deux barils de bœuf, un baril de « fayance blanche », de la morue et deux compas de cuivre … il y a aussi son mulâtre François. Il demande que tous les frais occasionnés par ce deuxième incident soient remboursés.

Le 21 Août 1795, Jean DROUILLARD, Capitaine du bateau « Le Joseph », accompagné du propriétaire, Claude François TERRASSE, tous deux bourgeois de cette île, se rendent chez le notaire à Gustavia, afin de faire rédiger une lettre de protestation. Il est dit dans ce document « vue l’état de maladie dudit Jean DROUILLARD, par ce, hors d’état de vaquer à ses affaires ». Ils envoient leur chargé de pouvoir, Cornelius COREY récupérer le navire et l’équipage à la Martinique.

Jean DROUILLARD propriétaire à Gustavia

Le 07 Octobre 1795, Jean DROUILLARD se porte acquéreur de deux biens immobiliers qu’il achète de George PEROT, Capitaine du port de Gustavia. L’emplacement #2 quartier B avec les maisons qui se trouvent dessus, ainsi qu’une autre maison se trouvant sur l’emplacement du Roi, de l’autre côté du Carénage. Cette dernière maison à être livrée à l’acquéreur dans trois semaines lorsqu’elle sera achevée.

Jean DROUILLARD boulanger à Gustavia

On peut penser que malade, fatigué, peut-être encore sous le choc de son aventure à la Dominique et en Martinique, Jean a décidé de quitter la marine, et de s’installer comme commerçant à Gustavia. C’est pour cela qu’il achète, j’imagine, deux biens en 1795, et, qu’il s’installe comme boulanger. En effet, on le retrouve au tribunal le 27 avril 1798 dans un procès contre la succession de Michel DERRICKSON représentée par sa veuve, pour le paiement de soixante-treize gourdes et quatre escalins pour du pain fourni. La cour donne raison au boulanger, mais le total est réduit car il doit lui-même le paiement d’un boucaud de rhum. La veuve a vingt-quatre jours pour payer.

Le 22 février 1799, Jean DROUÏARD, boulanger, est condamné en son absence au tribunal à payer la somme de quatre-vingt-quatorze piastres gourdes à Benjamin Richard WRIGHT & Company. Il n’est pas dit de quoi il s’agit.

On retrouve Jean dans deux procès pour du pain non payé le 14 juin 1799.

Le 13 Juin 1800, Jean Cadet DROUILLARD est convoqué au tribunal pour une facture de quatorze barils de farine et deux barils de bœuf, soit un total de trois-cent dix-huit dollars qu’il doit à William WALL.

Le 4 juillet 1800, il est condamné à payer une obligation de quatre cent gourdes à Messieurs CITÉ et SLENQUIST. Il semble qu’il soit représenté par son associé, un certain Louis Joseph BECQUET. Le montant correspond à une facture pour vingt-cinq barriques de farine qu’il avait acheté de Monsieur Gustav SAHLSTEDT.

Le 26 juillet 1800, il met au tribunal Madame NORBERG pour le paiement d’une facture de pain assez importante puisqu’elle totalise quatre cent cinquante-cinq gourdes.

Le 25 novembre 1800, il fait enregistrer chez le notaire « Je soussigné reconnait avoir vendu et livré à Monsieur François PIZANY, mon nègre Jean Pierre, boulanger par état, pour prix et somme de cinquante moëdes, laquelle m’a été comptée ce jour, à Saint-Barthélemy le 24 novembre 1800 – pour signature est une croix autour de laquelle est écrit « marque ordinaire de Jean DROUILLARD ».

Le 11 juin 1802, il est convoqué au tribunal par Jean Louis L’ORANGE pour le paiement d’une somme de quarante-neuf gourdes.

Le 10 novembre 1802, il est convoqué au tribunal par Mr HARVEY pour une facture de 12 barils de farine et de 4 planches de 100 pieds pour un total de cent-soixante-six gourdes simples.

Le 15 juin 1803, Jean DROUILLARD demande à faire comparaitre Joseph CHAUSSE (de son vrai nom Guiseppe CHIOZZA) pour le paiement de la « moitié des bénéfices provenant de la fabrication de cent-six barils de farine qu’il a boulangé de compte à demi avec ledit Joseph CHAUSSE ».

Le 16 novembre 1803, il est convoqué pour la deuxième fois par le tribunal pour le paiement d’une dette de cent-quarante-six dollars.

Bien entendu, comme annoncé au début de cet article, Jean DROUILLARD est surtout important pour nous aujourd’hui pour son apport dans la généalogie de notre île.

En effet, le 07 juin 1798, devant notaire est rédigé son contrat de mariage avec Félicité LAPLACE (cela fait office de mariage civil).

« Furent présents, le sieur Jean DROUILLARD fils de Jean DROUILLARD et de son épouse Catherine Anne de Bordeaux, rue de Saint-Mamoulin, résident en cette île, naturalisé Suédois et bourgeois du bourg de Gustavia depuis trois ans, actuellement faisant le métier de boulanger, âgé de vingt-neuf ans et usant de ses droits de l’une part,

& la demoiselle Françoise Félicité LAPLACE, fille de Joseph LAPLACE habitant de cette île avec son épouse Suzanne VITTET, tous deux vivants et résidents au quartier de la ville en ladite île, âgée de vingt-deux ans, avec le consentement de ses dits père et mère, de l’autre part ».

« Jean DROUILLARD a pour témoins, Jean QUERRARD et Jean LAIGUE, citoyen Français du département de Haute-Garonne à vingt-cinq lieues de Bordeaux et actuellement résident ».

Le couple est marié religieusement le vingt-deux août 1799 à l’église de Lorient.

Le deux novembre de la même année, ils ont une fille, Françoise Félicité qui est baptisée le 04 janvier de l’année suivante.

Je n’ai rien d’autre sur Jean DROUILLARD, mais, dans une lettre datée du 27 juillet 1808 à Gustavia on en apprend un peu plus.

 « Supplie humblement Marie Françoise LAPLACE, épouse du sieur Jean DROUILLARD et boulanger de sa profession, à sa résidence de Gustavia et celle demeurante au lieu appelé « La Forêt » de cette Isle,

Disant qu’étant de toute nécessité d’être séparée de bien avec le dit sieur DROUILLARD, l’étant de corps depuis le 24 mars 1804 par sa fuite honteuse de la colonie, qu’il est inconnu à elle et au public le lieu de sa retraite, et pour conserver les droits de succession de feu Joseph LAPLACE et de vivante Suzanne VITTET ses pères et mères, elle déclare se soumettre à la régulation des lois et règlements concernant le divorce ou séparation de corps et de biens à l’effet de retirer ses droits et prétentions constatés à son acte solennel de mariage.

La suppliante, jalouse de ne point faire revivre l’inconduite de son époux, s’exécute en pardon pour obtenir de votre justice, celui que mérite un coupable absent. Elle observe de votre équité, afin que vous jugiez ses légitimes droits, qu’elle est mère de la progéniture de son mari, d’une fille nommé Marie Françoise âgée d’environ sept ans et laquelle est à sa charge.

Elle conclut, à ce qu’il vous plaise, Messieurs, faire assigner par affiches et au son du tambour, le sieur Jean DROUILLARD, son mari, à l’effet de comparaitre à votre tribunal dans les délais prescrits par les lois, à l’effet d’entendre dire et prononcer par votre cour, qu’il sera et demeurera tant, en en absence qu’en présence, séparé de corps et de biens avec la suppliante et sans qu’il puisse nuire ni en aucun moyen préjudicier aux prétentions d’icelle et de sa fille Marie Françoise »

On peut déduire de cette lettre adressée au Gouverneur Ankarheim et aux membres du tribunal de justice, que notre Jean DROUILLARD a quitté l’ile et abandonné sa famille, sans doute ruiné et incapable de faire face à ses dettes.

Le 12 février 1816, Françoise Félicité LAPLACE épouse en secondes noces Jean Marie QUERRARD (fils de Jean QUERRARD qui était témoin à son premier mariage), mais le couple n’aura pas d’enfant.

Françoise Félicité DROUILLARD, épouse Clément BRIN de Grande Saline le 30 novembre 1815 (il est le fils de Clément BRIN … et d’une autre Françoise Félicité LAPLACE). Ils auront onze enfants, dont neuf qui seront mariés et auront des enfants à leur tour.

La descendance de Jean DROUILLARD, par l’intermédiaire de sa fille unique, est immense de nos jours, dans presque tous les quartiers de notre île, mais aussi à Saint-Thomas, sous une multitude de noms.

FRANOM – registre Catholique de la paroisse de Lorient – 1799

FRANOM – registre Catholique de la paroisse de Lorient – 1799

FRANOM – registre Catholique de la paroisse de Lorient – 1815



Catégories :BRIN, DROUILLARD, GUSTAVIA, LAPLACE, QUERARD/QUERRARD, Uncategorized

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Rétroliens

  1. Les Félicité LAPLACE – The Saint-Barth Islander

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