D’où viennent les GIRAUD de Saint-Barthélemy ? Pourquoi deux GIRAUD apparaissent-ils à partir de 1774 ?

Ce qu’on en sait :

Dans son livre « Le peuplement de Saint-Barthélemy », DEVEAU nous donne leur apparition en 1774 et comme suit :

Antoine GIRAUD, natif de Saint-Martin de Ré, épouse Marie Marthe VITTET, et fera souche,

Sébastien GIRAUD, natif de Saint-Laurent en Aunis, épouse Anne BORNICHE et fera souche.

Registre paroissial de Saint-Barthélemy, 1774 (mariage avec Marie Marthe VITTET)

« Avons donné la bénédiction nuptiale et lié par les nœuds du mariages, Mr Antoine GIRAUD, négociant en cette isle, majeur d’âge, natif de Fouger, paroisse St Laurent, fils légitime de feu Mr Antoine GIRAUD et de dame Marie TURPAUD… »

Registre paroissial de Saint-Martin Marigot, 1785 (cité en tant que témoin au mariage de Thomas DANIEL et de Rebecca QUÉGUIN le 30 décembre 1785)

« …en présence des Sieurs Sébastien GIRAUD Capitaine de port de St Martin…)

 Registre paroissial de Saint-Barthélemy, 1799 (mariage avec Lucette VUILLER BELLEVUE)

« Avons donné la bénédiction nuptiale à Monsieur Antoine GIRAUD, conseiller au Conseil Souverain de cette île, et Capitaine de milice, fils légitime du sieur Antoine GIRAUD et de dame Marie TURPAUD du département de l’Aunis, paroisse de St Laurent... »

Registre paroissial de Saint-Barthélemy, 1799 (inhumation de Sébastien GIRAUD)

« Le 25 Octobre 1799 a été enterré dans le cimetière de L’Orient le corps de feu Sébastien GIRAUD Capitaine de milice, marié à défunte Rose BORNICHE, originaire de St-Martin de Ré, décédé le même jour âgé de 54 ans »

En fait les curés successifs ont mal compris ce qui leur était dit, car ni l’un ni l’autre n’est natif de Saint-Martin de Ré, il n’y a pas de Saint-Laurent d’Aunis, et ni non plus de paroisse Saint-Laurent à Fouger. Peut-être arrivaient-ils de l’île de Ré, que le navire qui les avaient amenés aux iles en était parti ?

Marc Antoine GIRAUD est en fait né le 5 janvier 1739 à Forges d’Aunis où il est baptisé dans l’église Saint-Laurent, le lendemain, fils de Marc Antoine GIRAUD et de Marie TURPAUD.

Son père, veuf en premières noces d’une Elisabeth MORISSET demeure à Puy Drouard, village ou hameau à moins d’un kilomètre de Forges. Il épouse Marie TURPAUD le 22 décembre 1738. Dans l’acte de baptême, le curé se trompe en écrivant le prénom de la 1ere épouse.

Eglise de la paroisse Saint-Laurent de Forges d’Aunis où fut baptisé Marc Antoine GIRAUD

Et quant à Sébastien GIRAUD, d’où vient-il ? Pour une raison que j’ignore, le couple GIRAUD / TURPAUD quitte Forges d’Aunis, et se retrouve à Talmont sur Gironde, au sud de Royan, sur les bords de la Gironde. Marc Antoine père y est employé dans la ferme du Roy. C’est là que Sébastien GIRAUD voit le jour le 08 février 1747 et qu’il est baptisé le 19 du même mois.

Marc Antoine GIRAUD père décède à Talmont le 10 novembre 1756, son épouse, Marie TURPAUD, en 1776.

la magnifique église Romane, Sainte-Ranegonde de Talmont, où fut baptisé Sebastien GIRAUD.

Vue aérienne de Talmont sur Gironde

Pour l’instant, rien de plus sur les frères GIRAUD jusqu’à leur apparition sur notre ile vers 1774.

On peut cependant penser qu’entre temps, les deux frères ont dû acquérir une certaine formation et expérience, dans la marine, ou l’armée peut-être, car Antoine devient Capitaine de la milice de Saint-Barthélemy, et Sébastien, non pas Capitaine de milice comme l’indique le curé à son décès, mais Capitaine du port de Saint-Martin. De plus, Antoine est négociant.

Dans le « Who Was Who » de Per TINGBRAND, on peut aussi lire :

En 1786, Antoine habite à Saint-Jean qui lui sert de Savane une ditt 25o Chez Lurain qu’il cultive en coton et vivres. Il vit avec sa femme Marie Marthe VITTET, âgée de 48 ans et leur fils Antoine âgé de 14 ans et 37 esclaves. Il possède 6 génisses et 1 cheval. Il est à la tête de 2 plantations dans l’anse Saint-Jean : La Petite Versailles de 5 carrés et La Reine de 10 carrés. Il possède aussi la moitié de l’habitation Anne Rose au quartier de Grand-Fond.

Il est considéré par le docteur Suédois Carlander comme un des meilleurs planteurs. Il possède aussi plusieurs maisons dont 2 grandes à Gustavia, 1 sloop et la moitié de l’ile Fourchue. Il est membre du conseil de justice en 1789, et collectionne les faisans.

Lors de l’invasion des Anglais le 20 mars 1801 il est en faveur de la reddition : « nous n’avons pas d’armes » explique-t-il.

En dehors de ses deux épouses, Marie Marthe VITTET et Lucette VUILLER BELLEVUE, Antoine à au moins une relation avec une troisième femme, Florence BORNICHE avec qui il a un fils naturel, Antoine, qui épouse en 1803 une Marie Delphine BERNIER. En 1779, devant notaire, Antoine père fait la donation à son fils Antoine d’une esclave nommée Geneviève, âgée de 18 ans « pour qu’elle reste toujours à son service », avec, une remarque qui pose question « en reconnaissance des services que le donateur déclare avoir reçu de sa mère et parce que telle est la volonté du sieur GIRAUD ».

Sébastien quant à lui, épouse Rose Marie BORNICHE, une sœur de Florence.

Le 31 avril 1787 à Port-Royal en Martinique, on trouve le décès d’Antoine GIRAUD, âgé d’environ 12 ans, fils de GIRAUD, habitant de Saint-Barthélemy. Mais est-il le fils d’Antoine ? Ou celui de Sébastien ?

On peut noter qu’au décès de Marthe VITTET il n’y a pas d’enfant vivant, et la part amenée en dote au mariage par Mlle VITTET est partagée entre ses frères et sœurs ou leurs descendants. Antoine GIRAUD n’aura semble-il qu’une descendance au travers d’enfants illégitimes avec des esclaves. On peut ainsi noter Jean Pierre GIRAUD par exemple, né esclave chez Joseph MUTREL dont nous parlerons dans un autre article.

Sébastien GIRAUD aura un fils, Sébastien, né vers 1783, qui assurera la descendance avec deux femmes, dont une esclave de Jean Baptiste DUZANT.

Les deux frères savent lire et écrire, et à l’arrivée des Suédois sur notre île en 1785, ils vont jouer un rôle important dans les affaires immobilières et politiques. Ils apparaissent dans de nombreux documents et semblent jouir d’un certain prestige.

Antoine sera ruiné par son dernier mariage « non consommé » d’avec Lucette VUILLER BELLEVUE, et Sébastien ne laissera pas grand-chose à son fils.

Catégories :BERNIER, GIRAUD, Uncategorized, Vitet