L’ouragan de 1837

1837 fut une méchante année pour les îles de la Caraïbe.

Le 26 juillet, un ouragan touche Barbade, et le 2 août, un autre touche les îles du nord.

Les journaux, en parlent tous comme d’un phénomène rapide mais très puissant. Il est comparé à celui de 1819, mais tous s’accordent à dire que les dommages occasionnés sont bien plus importants. Antigua, Saint-Barth, Saint-Martin, Tortola, St-Croix, Saint-Thomas sont gravement touchées. Saint-Thomas abordée dans le milieu d’après-midi par l’ouragan, est en même temps frappée par un tremblement de terre, puis dans la soirée, par un feu gigantesque.

St-Thomas Tidende du 5 août 1837

Un habitant anonyme de Saint-Barth écrit au journal Américain « Vermont Chronicle » « que le 2 août, l’île a été frappée par une des plus terrible tempête qu’on n’ait jamais connue, que les deux-tiers des trois cents maisons de Gustavia ont été détruites, y compris les plus importantes ». L’informateur parle de « vingt à trente morts pour l’instant, la plupart morts écrasés sous les débris, les autres horriblement mutilés et décédés de leurs blessures ensuite. Des centaines de personnes ont tout perdu et dépendent à présent de la charité de quelques-uns. Pendant la tempête, la mer a monté de plus de six pieds, du jamais vu auparavant ».

Des centaines de navires sont perdus dans toutes ces îles, et les dommages sont colossaux.

Dans un long rapport adressé au roi de Suède le 12 août 1837, le gouverneur James H. HAASUM rapporte les informations les plus complètes sur le passage du phénomène et les dégâts causés à Saint-Barthélemy.

« J’ai aujourd’hui un bien triste devoir à accomplir, celui d’annoncer très humblement à Votre Majesté les terribles désastres que la colonie a subis par suite d’un de ces fléaux périodiques auxquels ces malheureuses îles sont assujetties.

Un coup de vent épouvantable éclata ici le 2 du courant, entre les onze heures et midi, et pendant sa courte durée, dépassait de beaucoup en violence celui de 1819.

Dès le matin, le temps était très mauvais, et la mer orageuse. Les vents soufflaient en variant du nord-est à nord-ouest, et augmentaient en violence jusqu’à onze heure un quart, lorsque l’ouragan était au comble de sa fureur. En moins de vingt-cinq minutes, plus de deux cents maisons furent réduites en ruines, et au-delà d’une centaine ont été plus ou moins endommagées. Quatorze personnes périrent sous les décombres, et treize autres sont encore malades des blessures graves qu’elles reçurent.

Quelques minutes avant midi, les vents changèrent à l’est et sud-est et se calmèrent.

En regardant la dévastation surtout au centre de la ville, on a lieu de s’étonner que le nombre des victimes n’a pas été plus considérable. Mais une grande partie de la population perdit tout ce qu’elle possédait. On estime les dommages à près de cent-mille Gourdes.

Toutes les maisons appartenant à Votre Majesté ont été avariées. Ma douane et la maison du major de place ont été les moins maltraitées, mais l’Hôtel du Gouvernement a été détruit de fond en comble. La partie du toit vers le nord-ouest ayant été enfoncée à onze heure et demie par les débris d’autres bâtiments, le vent entra avec une force irrésistible et en moins de cinq minutes, la maison fut complètement abattue. Sous la main protectrice de Dieu, je suis parvenu à échapper, avec mon enfant et mes gens, au milieu des décombres pendant que la maison s’écroulait. Au plus fort du temps, nous nous sommes réfugiés dans une cave de la veuve COCK, et ensuite, un de nos négociants, Mr Louis Charles LAMBERT, m’a donné l’hospitalité pendant plusieurs jours et jusqu’à ce que j’aie pu m’établir dans la petite maison attenante à l’Hôtel du Gouvernement.

La plus grande partie de l’ameublement a été écrasée. L’argenterie cependant a été sauvée, mais les portraits de Votre Majesté et de S.A.R Le Prince de la couronne sont malheureusement très avariés ».

Le Gouverneur continue en indiquant qu’il joint un rapport du Lieutenant LYON sur les dégâts aux bâtiments officiels, estime que les dégâts doivent approcher les dix mille Gourdes.

Il écrit que le seul bâtiment public de la ville qui ait échappé à la destruction, c’est la chapelle Méthodiste et qu’elle a servi d’abri à de nombreuses personnes pendant et après le coup de vent.

« Le toit de la belle église Catholique s’écroula et défonça un des murs latéraux et ne pourra pas être réparée à moins d’une somme très considérable. L’église Suédoise qui est bâtie en forme de croix a eu la partie ouest abattue, mais, comme elle peut être réparée à peu de frais, j’en ai fait l’offre à Mr l’abbé Martin pour le service de la congrégation, ce qu’il a accepté.

La geôle et l’hôpital ont été endommagés, et le chemin en bas du fort détruit. Presque tous les canots du port ont été écrasés, deux bateaux ont sombré à l’ancre, un a fait côte, un a été totalement perdu avec sa cargaison, un seul a échappé avec peu d’avaries.

L’eau a été gâtée dans presque toutes les citernes par l’eau de la mer qui, enlevée par la force des vents, se mêlait avec la pluie. J’ai été obligé de faire vider celles appartenant à l’Hôtel du Gouvernement.

L’action des vents a été partielle, ils descendaient en tourbillon et par rafale, balayant tout ce qui se trouvait dans leurs cours, enlevant une maison, et laissant l’autre à côté intacte, sinon, la ruine aurait été plus complète. On commence maintenant à décombrer les rues.

La campagne, à ce qu’il me paraît, a moins souffert qu’en 1819, cependant, cent quatre-vingt-deux maisons et cabanes sont écrasées ou endommagées, une personne est morte, et trois autres sont blessées, quatorze pirogues perdues, un grand nombre de cocotiers détruits, un cheval, quatre bœufs et trois chèvres morts. Les récoltes des jardins seront retardées de quelques mois, et les canaux par où entrait l’eau de la mer dans les salines à St-Jean et à la grande saline sont encombrés de roches ».

« Pour subvenir aux besoins les plus pressants des malheureux, j’ai donné ordre à Mr Richard DINZEY, caissier des caisses des pauvres et de l’hôpital, de faire distribuer des provisions en employant les fonds des susdites caisses. Malheureusement, le solde disponible ne s’élevait qu’à $74.30 qui ont déjà été employés ».

Pour faire face aux dépenses, n’ayant aucun argent disponible, le Gouverneur lance une souscription. Elle s’élève déjà à près de $650. Il fait aussi distribuer des vivres à la campagne. L’île de Saint-Christophe a également mis en place une souscription pour aider notre île et le Gouverneur d’ajouter « j’espère que cet exemple sera suivi dans la mère patrie ».

« Nous avons quelques pluies bienfaisantes, mais la chaleur est accablante » et, un peu plus loin, « mon âme est profondément émue de la malheureuse position ou je trouve la colonie et de laquelle elle se relèvera difficilement dans cette conjoncture. Notre place était heureusement bien approvisionnée, et l’arrivage depuis l’ouragan, d’un navire et d’un brick des Etats-Unis qui ont débarqué leurs chargements de comestibles, nous a garanti de toute crainte à l’égard du manque de vivres. Le Brick était chargé pour compte de messieurs COCK et PERILLIER, négociants qui sont retournés s’établir ici de nouveau ».

Le 17 août, Louis Charles LAMBERT reçoit un courrier de Saint-Thomas envoyé par Mr CORREA BAHNSEN, un riche négociant semble-t-il. Celui-ci dit qu’il a lancé une souscription pour Saint-Barthélemy, malgré les énormes dommage à Saint-Thomas. Il va envoyer $300 et il termine son courrier en écrivant « L’argent doit être employé à sauver les plus malheureux et les plus démunis des habitants de Saint-Barthélemy de la faim ».

Le 25 août, les représentants de la ville font un rapport complet avec la liste des habitants de Gustavia et le montant estimé des pertes et réparations. De nombreuses maisons sont complètement détruites, il semble aussi que de nombreux quais soient en mauvais état.

Le 16 octobre envoie un rapport au roi. Il indique que les affaires stagnent, qu’il n’y a pas beaucoup d’arrivages en dehors de bois de construction. On a d’ailleurs commencé les réparations, voir les reconstructions de certains bâtiments. Les plantations à la campagne avaient commencé à reprendre, « mais la végétation a ensuite été arrêtée par la sécheresse et la grande chaleur. Une quantité de vers de toutes espèces ont aussi fait leur apparition et ont occasionné beaucoup de dommages tant aux cotons qu’aux provisions ».  Le Gouverneur indique que la réparation du chemin en bas du fort Gustaf III a commencé, mais « la geôle et l’hôpital restent dans l’état ou l’ouragan les a laissés, faute de moyens. L’église Luthérienne a eu une réparation temporaire pour servir à la congrégation Romaine Catholique, mais les services ont cependant dernièrement éprouvé une interruption par suite de l’absence du curé à Saint-Martin où il est occupé à faire construire une chapelle ».

Le Gouverneur indique avoir distribué aux malheureux la somme de $1586.30. Cet argent provenait de souscriptions faites à Gustavia, $656.13, quête à la chapelle Méthodiste, $77.60, à Saint-Christophe, $414.11 et à Saint-Thomas, $437.60. Le préfet apostolique à la Guadeloupe avait quant à lui envoyé 400 francs et de l’habillement.

Suit un rapport des représentants de la ville concernant l’état des bâtiments publics.

L’hôtel du gouvernement est entièrement détruit, le bureau du juge et le presbytère sont très abimés, la maison du Major de la place est endommagée, ainsi que celle de la douane.

Les bâtiments des forts Charles et Oscar sont détruits. Sur le fort Gustaf III, l’habitation de l’officier, la salle de garde et les anciens baraquements sont détruits. Le total des réparations est estimé à $10 282. A noter que pour l’hôtel du gouvernement seulement, sont prévus $ 6532 de travaux et réparations.

Le 16 novembre, dans un nouveau rapport, le Gouverneur indique que tout était au point mort, au point que la recette de la douane pour les quinze premiers jours du mois d’octobre ne s’est monté qu’à $80. Il semble que les affaires redémarrent un peu dernièrement avec « de nouveaux arrivages de Flensborg en Allemagne, un brick et quatre goélettes des Etats-Unis et quelques caboteurs avec des chargements de la Guadeloupe. Les revenus de la douane pour le mois de novembre dépassent déjà les $570 ». Il semble que la longue sécheresse soit enfin terminée.

Le 2 mars 1838, le Gouverneur répond à la dépêche du roi. On pourra noter que cette dépêche avait été envoyée le 28 novembre 1837 et reçue à Saint-Barth le 9 février 1838. On imagine à peine les difficultés que l’extrême lenteur dans les échanges entre notre île et la Suède pouvaient générer pour le gouvernement local. A la lecture du courrier du Gouverneur, il semble que le roi ait demandé des informations plus précises afin secourir les « personnes souffrantes par suite du désastre du 2 août de l’année passée ».

Le Gouverneur indique qu’il a invité les représentants de la ville et de la campagne « de présenter le plutôt possible au Conseil une liste motivée de ceux dont les malheurs et le manque de ressources les rendraient plus spécialement dignes de compassion, en leur recommandant de les ranger en deux catégories, savoir, l’une contenant les noms de ceux qui exigeraient un secours immédiat, et l’autre, de ceux pour lesquels ce secours quoique très urgent, pourrait être ajourné avec le moins d’inconvénients ».

Après discussions et délibérations sur ces listes, le Conseil a jugé indispensable la somme de 3512 gourdes rondes correspondant à peu près à 700 livres sterling. Le Gouverneur a dû négocier lui-même les traites pour obtenir cet argent. Il insiste aussi pour dire que « le Conseil s’est vu dans la nécessité de se restreindre dans les plus étroites limites à l’égard tant au nombre des personnes à secourir, comme au chiffre des sommes allouées individuellement ». Il indique aussi que cet argent « servira à soulager les plus malheureux, mais également à activer l’industrie ».

Il semble que le roi avait proposé d’envoyer des charpentiers, mais il écrit que beaucoup sont arrivés depuis des colonies voisines et aussi « qu’il serait inutile d’en expédier de la Suède, d’autant plus que ces ouvriers ne sont pas accoutumés à la construction adoptée dans les colonies ».

Le commerce n’a pas redémarré, il n’y a pas d’importations, et plusieurs navires américains sont même repartis sans avoir rien déchargé car aucun des négociants n’avait besoin de rien. Il semble que la situation soit la même à Antigua, Sainte-Croix et Saint-Thomas.

Le Gouverneur a également ajouté un inventaire complet de l’état des meubles et autres effets dans l’hôtel du gouvernement et la liste complète des habitants, tant de la ville que de la campagne qui ont reçu l’aide du Gouvernement à la date du 26 février 1838.

Les représentants de la ville demandent 250 gourdes pour la réparation de la prison, 150 gourdes pour compléter celles toujours nécessaires à l’église Luthérienne. La caisse de l’hôpital est vide pour avoir avancé tous ses fonds à la caisse des pauvres, et les représentants demandent 300 gourdes pour y faire les réparations nécessaires. Les Conseillers demandent aussi qu’on verse 600 gourdes à la Caisse des pauvres immédiatement afin de secourir ceux qui auraient pu être oubliés. Ils proposent également que la légère différence qui existe entre le montant octroyé par le roi et le montant d’aides calculé soit également versé dans la Caisse des pauvres.

Avant de terminer avec les rapports du Gouverneur, on pourra noter que dans celui du 10 mai 1838, il montre bien l’importance du ralentissement économique par suite du passage de l’ouragan : « on se plaint généralement de la lenteur du débit dans les magasins, la consommation ayant diminué de beaucoup par suite de l’émigration de cette île et de l’Anguille pour les colonies de Demerara et de la Trinité. L’émigration parmi les habitants de la campagne s’arrêtera probablement, maintenant qu’on a reçu la nouvelle de la grande mortalité qui a eu lieu dans le nombre de ceux qui se sont engagés pour le Demerara. Nombre de ceux de la classe ouvrière sont forcés de se porter sur des lieux qui offrent plus de ressources à l’industrie ». Un peu plus loin il dit que pour constater l’état de la population de l’île il a fait faire un recensement en mars. On a compté 1412 habitants à Gustavia et 1553 à la campagne. Cela représente une baisse de 258 habitants comparé au recensement d’avril 1836, dont 203 de moins à la campagne.

Ci-dessous les listes pour la campagne au 15 février 1838.

« Liste des habitants de l’arrondissement du vent qui ont perdu leur maison dans le coup de vent du 2 août 1837 »

HABITANTCOMMENTAIREPAYÉ
Veuve André LÉDÉEVEUVE10
Elisabeth AUBIN6
Angelelibérée depuis 8 ans8
Veuve Jacques LÉDÉEVEUVE6
Rosalie6
Veuve Joseph LAPLACEPolo – Salines10
Jean BERRYOncle10
Pierre MUTREL10
Dame Olivier QUESTELDame8
Lucette BRIN10
Veuve Jean François GRÉAUXVEUVE8
Veuve Antoine GRÉAUXVEUVE10
Jean Etienne6
Charlottine LÉDÉEE6
Helene8
Pierre LÉDÉERoland10
Veuve Philippe LAPLACE6
Dame Joseph BERRY CadetDame6
Clèment LAPLACE pèrepère8
Demoiselles Toussaint LAPLACEDemoiselles8
Marie Françoise Madoudou6
Veuve Jean François BERNIERVEUVE6
Aimée QUESTELfille Joanny QUESTEL6
Veuve DORMOYVEUVE60
Joseph LÉDÉEGrand Fond10
Pierre QUESTELLépreux10
Jean Francois BERNIERGrand Bois10
William TACKLIN6
Veuve Hippolyte LÉDÉEVEUVE12
286

Le document ci-dessus est signé de Joseph BERNIER

« Les soussignés en leur qualité de membres de la Chambre des Représentants de sous le vent donnent chacun en particulier les déclarations suivantes à l’égard des pertes occasionnées par le coup de vent du 2 août 1837 »

La première partie concerne Public et le Corossol, le rapport est signé par Charles BRIN.

QUARTIERHABITANTCOMMENTAIREPAYÉ
PUBLICAlexis BRINMaintenant exposé aux injures du temps. Il serait nécessaire d’après mon opinion14
Veuve Antoine DANETidem14
Florentin PASSERATidem17
Pierre GRÉAUXidem14
Orphelins Yoyo MAYERTous malades n’ayant pu ramasser les débris de leur case20
Paschal ISAYERsans asile10
Veuve Jacques DANET10
Pierre GRÉAUX dit GarçonLange ESPANET20
Joseph MEISSONNIER10
Veuve André GRÉAUXpour la réparation de sa case8
COROSSOLVeuve Jean GRÉAUX dit Merletsans asile, ni avant, ni après le coup de vent – à être décidé15
Pierre Benoit BERNIERsa maison commencée mais gêné pour l’achever8
Rose MAYERIdem10
Joseph DANET15
François GRÉAUX Cadet10
Zami GRÉAUX10
Charles BRIN30
235

La deuxième partie concerne l’Andrieux et le rapport est signé par François DANET

HABITANTCOMMENTAIREPAYÉ
Dominique GRÉAUXsa maison emportée15
Louise GRÉAUX Merletsa maison emportée10
Joseph MAGRAS de la sourcesa maison bas, mais ayant vendu une partie de ladite maison – absent0
Veuve Clément LAPLACE filsayant perdu sa maison et sans aucune ressource20
Charles QUESTELsa maison bas, mais ayant quelques moyens10
François MAYERsa maison commencée mais pas encore achevée10
Louis LÉDÉE Louisettesa maison commencée mais pas encore achevée10
André LAPLACE dédésa maison presque finie mais dans la gêne12
Jacques QUESTEL Bonhommesa maison finie, mais par les moyens de son fils
Veuve André LAPLACE8
Veuve André BLANCHARD7
Veuve Louis LÉDÉE7
109  

La troisième partie concerne l’Anse des Flamands, signé Jean Joseph MAGRAS

HABITANTCOMMENTAIREPAYÉ
Veuve Thomas LEBLANCayant une très mauvaise case et dans une grande indigence12

Sur la dernière page du rapport, il est écrit « Nous soussignés Jean Joseph MAGRAS et François DANET, déclarons que le sieur Charles BRIN a perdu totalement sa maison ainsi que tout ce qu’elle renfermait et que ses pertes sont majeures ». C’est sans doute pour appuyer la demande de Charles BRIN représentant et signataire pour son quartier, d’ailleurs, son nom a été rajouté sur la liste. On peut noter que seul Jean Joseph MAGRAS sait signer.

On trouve des documents similaires mais plus complets à la suite de l’ouragan de 1867. Dans les listes on s’aperçoit que nombre des cases à la campagne sont encore des cases en paille. Cela mériterait peut-être de travailler sur le sujet, mais il faut bien comprendre que seules quelques familles pouvaient se payer une case en charpente. Sur les successions ces quelques cases en charpentes sont d’ailleurs souvent vieilles et en mauvais état et ayant besoin de réparations. Les autres habitaient des cases en paille, sûrement même, l’immense majorité des habitants de la campagne. L’île devait être bien différente en ce temps-là.

le genre de maison qu’on devait trouver dans la campagne à Saint-Barthelemy au jusqu’à la fin du 19eme siècle

Il y a des listes similaires dressées pour la ville, mais beaucoup plus détaillées, avec par exemple ces quelques cas particulierement saisissants :

Alexander GUMBS     « Dont la famille a un besoin urgent de vêtements et d’autres choses nécessaires, ils ont tout perdu et font l’objet de commisération »

Ann RAMSAY  « une pauvre femme malchanceuse, elle a perdu tous ses vêtements et meubles. Elle a un grand besoin d’assistance »

Sarah DERICKSON      « une femme seule et complètement dépourvue – sa maison est très touchée et elle est a besoin d’une assistance ».

Les demoiselles BEAKES         « la situation de ses femmes industrieuses appelle à une attention particulière. Leur maison est entièrement détruite, elles ont tout perdu, vêtements et meubles, et elles ont une personnes âgée à charge ».

Sarah GRUBY  « une mère avec trois enfants, qui se trouve dans une situation catastrophique depuis la tempête et qui a besoin de tout »

Suzanne CLARKSON   « dans la même situation que la précédente »

Baltimore IMLAY        « il a perdu sa maison, ses meubles et vêtements. Il est absent de la colonie mais sa femme et ses enfants ont besoin de notre aide »

Robert SHADDEN       « avec sa jambe cassée dans la tempête, il ne peut plus travailler, il est dans la détresse »

Elisabeth PERROT       « une femme infirme et dépourvue, qui a besoin de vêtements pour elle et sa fille »

Bernadine LA TOUR    « la furie de la tempête lui a tout pris, elle a besoin de tout ce qui est nécessaire à la vie »

Margaret GUMBS       « une veuve et sa fille qui ont besoin de vêtements et des articles de base »

Benjamin Peter GUMBS « il a perdu ses vêtements dans la tempête, il est dans un état déplorable et a besoin de tout »

Maria BEAKS   « une pauvre vieille infirme qui n’a plus rien »

On peut noter aussi que ce rapport est daté du 22 février 1838, l’ouragan est passé il y a déjà plus de six mois !

A lire les rapports des uns et des autres, et surtout ceux du Gouverneur, il semble que tout le monde ait fait ce qu’il pouvait pour que la vie reprenne au plus vite. Mais comment faire quand il n’y a rien sur place et que même les îles voisines ont toutes été touchées avec la même violence ? Il aura fallu sans doute beaucoup de résilience et de souffrance pour que finalement, au fur et à mesure, les choses rentrent dans l’ordre. Une dernière petite note tout de même : il n’y a pas un mot sur la situation des esclaves à la suite de l’ouragan de 1837.



Catégories :1837, HURRICANES, OURAGANS, SWEDISH EPOQUE, SWEDISH PERIOD, Uncategorized

2 réponses

  1. « il n’y a pas un mot sur la situation des esclaves à la suite de l’ouragan de 1837 » : quelle place avaient-ils lors de ce terrible ouragan ? L’histoire de l’abolition de l’esclavage à Saint-Barth ne se ponctuera que le 9 octobre 1847… Dix ans plus tard !
    Un récit alarmant, tant sur les pertes humaines, matérielles que sur la société…

    J’aime

    • Si on se base sur les chiffres du recensement du mois de mars 1836 qui sont détaillés, on a 26,78 % d’esclaves pour la ville de Gustavia, et 24,37% d’esclaves pour la campagne. Donc près d’un quart de la population total de l’île est composé d’esclaves. Même au regard des souffrances véritables subies par les autres 75 % de la population, on aurait pu attendre un mot ou deux, quitte à « se lamenter sur le sort des pauvres propriétaires embétés avec leurs esclaves » …

      J’aime

Répondre à saintbarthislander Annuler la réponse.