Misère et variole chez des personnes étant « de la portion de la population des émancipés », 1850

Lettre adressée au Gouverneur Haasum, le 12 avril 1850 :

« Monsieur le Gouverneur,

Les soussignés, représentants de la campagne, ayant fait une collecte pour le traitement des deux ou trois personnes atteintes d’une maladie cutanée qu’on suppose être la variole, et qui, pour l’intérêt général, sont consignées chez-elles à l’effet d’éviter, si c’était la variole, qu’elle ne se propageât dans l’île ; craignant que la collecte déjà faite ne suffise pas pour leur traitement et entretien et à payer les honoraires de Mr le Médecin qui leur a fait des visites vu la détresse et la misère qui existent dans ce moment dans la campagne par toute une année de sècheresse que nous éprouvons. Les malheureux habitants ne pourront rien ajouter à leurs offrandes.

Pleins de confiance dans votre bienveillante sollicitude pour tous, les représentants réunis viennent prier votre excellence, attendu l’état de dénuement de tous les habitants, de vouloir bien pour subvenir aux besoins de traitement des dites personnes, comme étant de la portion de la population émancipée, qu’elle lui plaira prendre du fonds d’épargne mis en réserve pour les malades et infirmes, pour payer les honoraires de Mr le Médecin, et leur entretien futur dans le cas que la collecte fût insuffisante,

Nous sommes avec respect,

Monsieur le Gouverneur,

Vos très humbles serviteurs »

Ont signé :

François Alexis DANET : réside au Colombier, il est dit « Bélonis » et marié avec Joséphine Marie BERNIER native du Corossol. Grande descendance de nos jours.

François DANET : Je pense que c’est celui qui est dit « L’arigot », il est natif de l’Anse des Lézards, et marié avec Marie Louise LAPLACE de la Grande Saline. Ils résident sur les hauteurs de Saint-Jean où François est assassiné le 3 mai 1857. Pas de descendance.

Joseph Maurice LÉDÉE : réside à Saint-Jean, natif de Lorient, pas de descendance bien que marié deux fois, avec Marianne Éloïse CASTAGNET d’abord, puis Suzanne BRIN ensuite.

Louis Thimothée QUESTEL dit Bruno : natif de la Grande Saline, il épouse Marie Rose Marthe LÉDÉE, native du Corossol où ils vivent. Très grande descendance de nos jours.

Joseph BRIN : pas assez d’information pour l’identifier, mais il pourrait être celui qui représente le Quartier de Saint-Jean, ou son père.

Pierre LÉDÉE, Joseph BERNIER et Pierre QUESTEL : pas assez d’information pour les identifier.

Etienne LÉDÉE : natif et résident à la Grande Saline, marié avec Marie Louise LAPLACE, très grande descendance de nos jours

A partir de l’abolition de l’esclavage du 9 octobre 1847, il n’est plus question de couleur des personnes dans les documents officiels.

Les registres paroissiaux ne mentionnent plus « blanc », « couleur libre » « métisse » « quarteron » « teint olivâtre » ou « nègre ». Manifestement, en 1850, tout n’est pas totalement oublié, même si on use d’euphemisme pour faire réference aux anciens esclaves fraîchement libérés.

On dit « qu’ils sont de la portion de la population émancipée ». On pourra noter que l’expression, non seulement qualifie ces personnes d’après leurs origines, mais également, semble impliquer qu’ils sont dans la misère, comprendre, encore plus que les autres.



Catégories :Uncategorized, CAMPAGNE, MISERE, emancipés, variole, 1850

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