Le 21 mai 1851 à Gustavia, André Cléophas DÉRAVIN, commerçant à Gustavia, et sans doute aussi agent maritime, signe les documents d’entrée de la goélette anglaise « Oscar » en provenance de la Grenade.

Le capitaine est un Henry JOHNSON.

Les marins (semble-t-il) sont tous originaires de Saint-Barthélemy.

On ne peut malheureusement pas identifier ces trois là, car il y a trop d’homonymes à la même époque :

Jean Jean LAPLACE

Jean Baptiste QUESTEL

François DANET

Par contre, nous pouvons identifier avec quasi-certitude  :

JeanJean MAGRAS                 Il doit être Jean François MAGRAS dit « Jeanjean » né vers 1810 à « Bois neuf » au Colombier, et habitant « Le Petit Fond » au Colombier, fils de Pierre « Yoyo » MAGRAS et de Suzanne Marie Magdelaine DANET, époux de Jeanne Rose QUESTEL née à l’Anse des Lézards vers 1807.

Jean Etienne LAPLACE, je pense que c’est l’ancien esclave d’un Joseph LAPLACE. Né vers 1820, il est l’esclave numéro 89 du comité d’émancipation. Son dossier passe à la séance du 20 juin 1846, il est évalué pour la somme de 160 dollars espagnols. Il en paye 10 de sa poche (à son propriétaire !).

Eugène DUCHATELLARD qui représente Joseph LAPLACE, signe qu’il a bien reçu les 150 dollars de compensation du comité.

Jean Etienne dit LAPLACE aura au moins un fils naturel, Jean Baptiste, né le 11 septembre 1846. La mère est une Marie Josèphe dite DÉRAVIN (très probablement une ancienne esclave elle aussi). Le nom de cette famille est habituellement ETIENNE (il a plusieurs frères et sœurs).  Sa mère, Désirée, est une ancienne esclave de Jean François DÉRAVIN.

Jean Baptiste HILAIRE                        Beaucoup de confusions dans les débuts de la généalogie pour cette famille d’anciens esclaves qui habite à la Grande Saline puis Petite Saline et Lorient. On trouve la manumission d’un esclave HILAIRE âgé de 46 ans en 1826 libéré par un Victor DUZANT « homme de couleur libre ». Je me demande si ce Jean Baptiste n’est pas celui que l’on connaît sous le nom de Jean Evangéliste dit Popotte HILAIRE et qui serait le fils de l’esclave de HILAIRE libéré par  Victor DUZANT.

Henry LÉDÉE                           Il doit être celui qui aura au moins une fille avec Anne Louise HENRY, vraisemblablement d’anciens esclaves, ou enfants d’anciens esclaves. La fille de ce couple, Albertine Elisabeth « Albertina » LÉDÉE, née le 7 avril 1851 à Gustavia, aura au moins trois enfants avec John Paul Magnus EKERMAN dont un seul portera le nom, cinq avec Eugène Hippolyte DUCHATELLARD, et un autre de père inconnu. En dehors du premier enfant qui porte le nom EKERMAN, tous les autres portent le nom LÉDÉE. Il y a grande descendance à Saint-Barthélemy.

Jean Baptiste NICOT               Comme pour la famille HILAIRE, c’est un cas compliqué que je dois revoir, car il y a des confusions entre un Jean Baptiste NICOT et un Nico JEAN BAPTISTE, et des variantes aussi. C’est aussi un ancien esclave,  peut-être l’esclave numéro 8 sur la liste du comité d’émancipation et appartenant à Marianne BRIN veuve d’Antoine LAPLACE « DEBOUTE » du quartier de la Grande Saline.

Cette clearance, ce petit morceau de papier de 1851 n’est pas juste une liste de noms de passagers ou de marins arrivant à Gustavia.

C’est une preuve, parmi beaucoup d’autres, que tous les anciens esclaves n’ont pas quitté d’un seul coup, ou presque, l’île de Saint-Barthélemy après l’abolition de l’esclavage de 1847 comme on le lit souvent. Certes, on retrouve beaucoup des anciens esclaves sur des listes d’habitants de l’île de Saint-Thomas, par exemple, dans les années qui suivent, mais beaucoup aussi sont restés.

D’autres ont émigré plus tard, à la fin des années 1800 ou dans la première partie du 20eme siècle. D’autres ne sont jamais partis, et ils ont su se faire une place, commerçants, marins ou simplement cultivateurs, et beaucoup de leurs descendants habitent toujours notre île.

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