Contrairement à ce que l’on voudrait essayer de nous faire croire, les tombes « soi-disant Suédoises » des cimetières de Saint-Jean ou de Lorient sont des trésors historiques qui racontent des bribes de l’histoire de Saint-Barthélemy. Des bricoles, des historiettes, la petite vie des grands et des petits qui vivaient là, et dans les pas desquels nous mettons les pieds tous les jours sans même savoir qu’ils ont existé.
C’est pour ça que de les retrouver là, installées à la mode de leur époque, des plaques de marbres gravées à l’ancienne, des maçonneries en pierres volcaniques, briquettes rouges et petits enclos en fer forgé pour certaines, cela permet de se penser l’île du temps d’avant. Ces vieilles tombes permettent aux visiteurs à l’affut, le transport vers le passé.
Evidement, celui qui veut n’y voir que des emplacements inutiles, des endroits à remplir et des tas de pierres sans interêt, alors, évidement, circulez, ce n’est pas pour vous ! Sacrifier des témoins de l’Histoire pour des questions de pression immobilière dans les cimetières, c’est, comme dirait Arthur RIMBAUD, abracadabrantesque !
Pierre François DEJOYE, selon sa pierre tombale, est né vers 1765 sur l’ile de Saint-Vincent. C’est ce qui est confirmé sur l’enregistrement de son décès par les autorités Suédoises. L’acte de mariage avec Mlle PERILLIER quant à lui, indique qu’il est né en Martinique. En fait, il est baptisé au Mouillage de Saint-Pierre en Martinique le 28 juin 1763, et sans doute natif de l’île de Saint-Vincent.
Il semble avoir d’abord migré aux Etats-Unis où peut être il se serait marié une première fois avec une Marie Anastasie HUET. De ce mariage, il a une fille, Reine Zélie, née à Philadelphie en 1805 qui épouse un John Bulkley GREENE, Américain lui aussi, et négociant au Havre en France.
On ne sait pas quand ni où décède sa première épouse, mais on retrouve Pierre François, au moins vers 1810, négociant à Gustavia, associé avec Jean TURENNE, natif de Bordeaux. Ils ont des navires de commerce et font des affaires.
Vers 1814, il a un fils, Jean Baptiste Adolphe DEJOYE, avec Anne Reinette HAZEL alias Sophie HAZEL, une femme de couleur libre native de Saint-Martin, puis, vers 1815, un deuxième fils, Henry Edward DEJOYE, puis, en octobre 1817, à nouveau un fils, Eloi Ulysse DEJOYE, suivi en février 1820 par Pierre Alphonse et Marie Mélanie DEJOYE le 31 octobre 1821.
Entre temps, Pierre François est élu à la Cour de Justice, il doit bénéficier d’un certain prestige.
Autre temps, autre mœurs, quelques jours après la naissance de sa fille avec Anne Reinette, il épouse, le 16 novembre 1821, Catherine Virginie PERILLIER. On peut s’étonner de ce mariage compte tenu de ce qui précède, mais cela pourrait aussi indiquer que Pierre François était riche et un bon parti tout de même. En effet, Catherine Virginie est la fille d’un négociant important à Gustavia à cette époque, et son frère, Jean Baptiste Edouard épouse Mary Augusta ALMEIDA dont on dit que son père était l’homme le plus riche de Gustavia, et sa sœur, Marie Henriette Zulma, épouse Antoine SAPENNE DELISLE, un autre gros négociant.
Catherine Virginie est née à Ancône en Italie vers 1801.
Le couple aura une première fille qui nait le 12 juin 1822, Jeanne Marie Eulalie Rosalie Olympe DEJOYE. Celle-ci épouse Joseph AYE en 1844. Ils auront plusieurs enfants dont Marie Elisabeth Amelia Joséphine Zulma qui est décédée à Gustavia en 1946, il n’y a pas si longtemps !
Vers 1824, Pierre François aura une nouvelle fille, Marie Magdeleine Uranie avec Anne Reinette HAZEL, puis, le 25 janvier 1825, Caroline, avec son épouse légitime. En 1827, à nouveau avec Anne Reinette, il a un fils Pierre François Alfred (qui sera marin et migre à Baltimore avant 1857).
Anne Reinette HAZEL décède le 23 juillet 1829. Elle est enterrée au cimetière de Saint-Jean. Ci-dessous sa tombe que j’ai pu déchiffrer en bataillant un peu.

– Mai 2021

– Mai 2021
Sans doute car il avait été marguillier, Pierre François, à son décès, le 7 avril 1833, est enterré au cimetière de Lorient. On dit qu’il se serait suicidé suite à des revers dans son commerce.

Catherine Virginie PERILLIER décède le 15 juillet 1861 et rejoint son mari à Lorient.
Catégories :ALMEIDA, Cimetières, DEJOYE, HAZEL, PERILLIER, SAPENNE DELISLE, SWEDISH PERIOD, Uncategorized
I have always been proud to note the lovely way that the cemeteries are upkept on the island. I am extremely surprised to see the condition of these graves. Is it the families that look after the graves, the churches or the government? Who?
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Why move them?
Why not restore them on site and leave them in peace?
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What a shame witnessing that money and fame have rendered St-Barth blind to the extent that it doesn’t even respect the dead anymore, is there nothing left sacred?
Take solace in knowing that your work honours them all for « we are all immortals as long as our stories are told »…
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Thank you for this important work, Jerome.
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