Sur les traces de Jean Jacques dit GRÉAUX

Nous avions parlé d’Elisabeth, une esclave née à Saint-Barthélemy, et des enfants ( Angélique, Elisabeth ou Marguerite, Jean Jacques, Adèle et Dominique) qu’elle avait eu avec Jacques l’Ami GRÉAUX, fils de son propriétaire, François l’Ami GRÉAUX, tous résidants à l’Anse des Cailles. Nous allons ici évoquer le cas de Jean Jacques, ancêtre de très nombreux habitants de notre île aujourd’hui.

Jean Jacques est né en juin 1815 et baptisé le 21 octobre de la même année, « fils naturel de Jacques GRÉAUX habitant de l’Anse des Cailles, et de Elisabeth, esclave de François GRÉAUX habitant au même lieu« .

ADG – Archives Guadeloupe – Registre paroissial

Au décès de François en 1823, les esclaves sont partagés ainsi :

Elisabeth ou Marguerite et Jean Jacques, pour Florence, la veuve de François,

Elisabeth et un de ses fils, Dominique, à Jacques,

Angelique, pour le fils Joseph,

Adèle, pour le fils Pierre.

Qu’advient-il de ces esclaves, et de Jean Jacques en particulier, après ce partage ?

La propriètaire de Jean Jacques, Florence GRÉAUX (qui, rappellons le ici encore une fois, est aussi sa grand-mère paternelle) décède le 18 juillet 1835, et ses biens sont partagés entre ses enfants, le 11 aout 1835. Florence avait quelques dettes que son beau fils, François DANET du Colombier (époux de Marie Magdelaine) aquitte pour la succession.

En partie de son lot et en partie pour compenser ses avances, il prend les esclaves Jean Jacques et Louise.

FRANOM FSB 316 Page 123 – succession Florence GREAUX 1835

Jean Jacques vient donc de changer de propriétaire.

Marie Magdelaine GRÉAUX décède le 15 juillet 1836, malheureusement les pages de l’inventaire des biens le 15 octobre de la même année sont écrites sur un papier qui n’a pas bien résisté au temps, et il est inutilisable. Le partage de la succession, le 29 octobre 1836, ne donne pas le détail des lots, impossible donc de savoir si Jean Jacques change de propriétaire encore une fois.

Le recensement de 1840 nous indique Jean Jacques est toujours esclave de François DANET père.

FRANOM – FSB 292 – Recensement de 1840

Jacques GRÉAUX dit l’Ami (pour rappel, le père de Jean Jacques) décède le 03 février 1841, et, il y a plusieurs choses interessantes sur l’inventaire de la succession :

Une dette  » au nommé Jean Jacques, esclave de Mr François DANET « 

FRANOM FSB 318 page 265

On en déduit donc qu’en 1841, Jean Jacques est toujours esclave, et qu’il appartient toujours à François DANET. On peut s’étonner qu’il puisse être dû quelque chose à un esclave, mais ces derniers avaient des momments pendant lesquels ils pouvaient louer leur travail à leur propre bénéfice (tout ou partie).

Egalement, dans la succession de Jacques GRÉAUX, il y a plusieurs esclaves, et je me demande bien si Victorine, métive âgée de 35 ans, ne serait pas Victorine dite DUZANT, qui deviendra l’épouse de Jean Jacques. Impossible d’en être totalement sûr, mais l’hypothèse se tient. Il y a plusieurs enfants ensuite, mais sans aucune précision quant à la mére. Sachant qu’il y a beaucoup d’imprécisions dans les états civils des esclaves, entre les approximations sur les âges, et celles concernant les prénoms et les surnoms, Jacques âgé de deux ans pourrait être leur fils Jacques dit Théodore ou Théo, et Victorine âgée de cinq ans, Rose Victorine.

FRANOM FSB 318 page 264
FRANOM FSB 318 page 265

Jean Jacques et Victorine sont libérés entre 1841 et 1843. Ont-ils acheté leur liberté ? En tous cas, lorsque je les retrouve sur le recensement du 23 novembre 1843, ils vivent libres et en famille à Anse des Cailles. Ils ont déjà 7 enfants.

FRANOM FSB 292 page 399

Jean Jacques dit GRÉAUX épouse Victorine DUZANT le 17 Aout 1847, presque deux mois avant l’abolition de l’esclavage. Victorine est la fille d’un Jean Pierre DUZANT et d’une Delphine BORNICHE (On peut noter que son père est un fils de François DUZANT et de d’une métisse, Marie Magdelaine « DUZANT« , né à Saint-Martin).

On sait qu’il habite à l’Anse des Cailles, et grâce à plusieurs successions, on peut préciser la zone.

En effet, à la succession d’Eugène DUCHATELLARD en 1866 lorsque l’habitation principale est partagée en lots, on attribue à son épouse, Marie Marthe LÉDÉE, l’action d’une moitié de l’habitation située au quartier de Saint-Jean, composée d’environ 10 carrés, bornant au nord les terres du sieur Jean Jacques GRÉAUX, au sud, le grand chemin, à l’est, la mer, et à l’ouest, les terres échues aux héritiers … L’emplacement de cette habitation se situe sur l’aéroport actuel, la terre de Jean Jacques devait donc se trouver quelque part entre la mer et l’Oeuf, dans la partie sud de l’Anse des Cayes et touchant le quartier de Saint-Jean.

Jean Jacques décède à l’Anse des Cayes le 9 novembre 1882, et Victorine, le 14 mars 1902. Ils ont une très nombreuse descendance toujours aujourd’hui. Qu’elle se souvienne de ses ancêtres esclaves !



Catégories :DUZANT, esclavage, Greaux, Uncategorized

2 réponses

  1. Merci Jerome,
    Ces informations extrêmement intenses ,détaillées et claires, croisées avec toutes celles que
    nous avons depuis les premiers arrivants engagés dans les iles de la caraïbe, m’amènent a
    penser que tous les St Barths descendants des 12 à 15 Familles présentent sur l’ile après le départ des Suédois en 1878 sont toutes et tous des sangs mélés avec une ascendance au moins de deux continents l’Europe et l’Afrique qui arrive jusqu’à nous..

    Contrairement à ce qu’écrivent certains chercheurs avec des formules magiques , il n’y a pas eu de consanguinité à St Barth pendant ces 3 siècles, pour les raisons suivantes :
    1° les engagés étaient à 95% des hommes (1625 à 1680)
    2° A leur installation sur l’ile,(1700 ) il y a avait déjà des mulâtres/tresses, « métive » capresse
    des hommes/femmes de couleur St Barth qui habitaient ensemble,
    (Voir les ANOMs des années 1700 )
    3° -1740/1780 Les St Barths ont été dispersés dans toutes les iles de la caraibe (St Vincent,
    Sainte Lucie, Saint Croix, Martinique, Guadeloupe)) Ils/elles/ sont revenu à St barth avec
    des nouvelles Famille.
    4° Pendant la période Suédoise, les lois sur l’esclavage n’étant pas très claires, il y a eu dans
    beaucoup de famille des naissances venant des deux communautés. On retrouve dans les
    actes de baptême le mot « dit » ex: Jean Jacques « dit » Gréaux. Dans toutes mes recherches
    j’ai relevé beaucoup de naissance avec le prénom suivi du mot « dit » suivi du nom de
    famille St Barth.
    Bravo encore à Jerome pour ce travail de recherche qui valorise la richesse de notre histoire.

    Aimé par 2 personnes

Rétroliens

  1. Dominique GRÉAUX et Jeanne Rose LÉDÉE, esclaves – The Saint-Barth Islander

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