Voilà un cas bien compliqué !
Le 21 novembre 1882, à Gustavia, nait un garçon de Mlle Ernestine Palmyre ROSEY, âgée de 28 ans, sans profession (en fait elle est couturière dans le dit bourg). C’est la sage-femme Angelique BRYAN qui fait la déclaration de naissance, et ce sont les sieurs Albertus ILES, 24 ans, cordonnier et William David PAYNE, 28 ans, charpentier, tous trois de Gustavia, qui servent de témoins.
Il n’a pas de père, et donc, comme le veux l’usage à l’époque, l’enfant ne porte pas de nom de famille. A cette époque, la mère seule reconnait son enfant plus tard, souvent lorsque devenu adulte celui-ci se marie. Techniquement, c’est le 1er prénom qui doit lui servir de nom au cours de sa vie, donc, ce petit garçon doit s’appeler, selon l’état civil Français, Doréval Thimothée JEAN.
Deux ans plus tôt, le 25 mars 1880, la demoiselle ROSEY a déjà accouché d’une fille, Marie Ernestine MAGRAS, dont le père est un certain Jean Doréval MAGRAS, marin, âgé de 28 ans et domicilié à Gustavia. Ils ne sont pas mariés.
Jean Doréval est porté disparut en mer le 15 avril 1882 au retour de Saint-Kitts, à 11 miles de Saint-Barth alors qu’il est matelot sur le bateau Anglais « Gold Bug » commandé par son neveu Léonard MAGRAS.
Compte tenu du fait que la demoiselle ROSEY et le sieur Jean Doréval MAGRAS avait déjà eu un enfant 2 ans plus tôt, compte tenu des prénoms donnés au garçon qui nait en 1882, on peut légitimement penser que Jean Doréval est le père de Jean Doréval Thimothée, mais on ne peut pas le prouver.
Le pauvre enfant, qui n’a pas de père, et donc pas de nom, donc, se retrouve orphelin lorsque sa mère décède en février 1894 à Gustavia. Il n’a même pas 12 ans.
Qu’advient-il de l’enfant ? A ce jour, aucune information. Il ne semble pas avoir été reconnu pas sa mère, aucune mention sur l’acte de naissance.
Pourtant, j’ai pu retrouver quelques traces…et, en tous cas pour lui, Jean Doréval Thimothée était bien un MAGRAS :
Le 08 février 1918 il fait une demande pour obtenir la nationalité Américaine dans le Southern District de l’Alabama. Il déclare s’appeler (ou en tous cas c’est comme ça que le préposé Américain le comprend) John Dival Timothy MAGRAS, né à Saint-Barthélemy, French West Indies le 21 novembre 1882, et, et c’est aussi assez surprenant, qu’il est arrivé la première fois aux Etats-Unis le 03 juin 1898…à 16 ans donc, en provenance de Saint-Kitts. Comment a-t-il pu entreprendre ce voyage si jeune ? On ne saura sans doutes jamais.
Il réside alors au 5 Conti Street à Mobile, Alabama.
Il a pour signes distinctifs, un tatouage avec deux mains serrées sur l’avant bras droit et une tache de naissance sur le cou.
Le 21 Juin 1918 lorsqu’on lui fait une carte d’identité de marin à Gulfport dans le Mississipi, il se fait appeler John D.T. MAGRAS. Il est arrivé en tant que marin sur le bateau « A.J.West » le 04 avril 1918, il est devenu Américain et il mesure 5’7.
En décembre 1918, John D.T. MAGRAS arrive à la Nouvelle Orléans, marin sur le SS YORO de la « Vaccaro Bross Steamships Company » en provenance de La Ceiba au Honduras (transport de passagers et de cargo -bananes du Honduras).
Le 29 janvier 1919, il est de nouveau à Gulfport. Il est dit Français, naturalisé Américain en février 1918. Il se fait toujours appeler John D.T. MAGRAS, mais, et c’est assez bizarre…il est écrit qu’il est né au Havre, France. Il n’a pas de père, et sa mère est née à Marseille ! Incompréhension du fonctionnaire ? Erreur de transcription ? Mensonge éhonté de Jean Doréval Thimothée ?
Pour l’instant je ne trouve rien d’autre sur lui, ni même son nom sur les listes matricules pour la classe 1902.
Sa demi-sœur, ou même sœur pour suivre sa volonté, Marie Ernestine MAGRAS, dite « Miss Tine », épouse Albert Hippolyte LÉDÉE le 30 juillet 1907 à Gustavia.
Ils ont 7 enfants, dont, seule, survit Edwige Marie Agélie Cécile LÉDÉE, 23 Avril 1908 – 17 Juillet 2004.
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