Du « rififi » à Grand Cul de Sac

Nous avions laissé Nicolas BERNIER après sa lettre du 20 septembre 1809 adressée au Gouverneur de Saint-Barthélemy.

Nous le retrouvons dans une troisième lettre datée du 2 octobre 1809 – voir article précédent Grand Cul de Sac, Nicolas BERNIER et les voleurs de poisson, un acte de vente de 1713, et des habitants en 1687

« Disant Messieurs que le 14 de septembre dernier, vers heures du matin, les habitants dénommés dans la liste ci-jointe, au nombre de trente cinq, se sont portés en foule au dit étang où ils ont pêché malgré la défense qu’en a obtenue le suppléant de son excellence Monsieur le Gouverneur, en date du 26 juillet dernier suivant l’extrait et dont copie est ici annexée et que, non contents d’avoir pêché et pris la quantité de poisson qu’ils ont voulu sans le consentement du suppliant, ils ont encore détruit un mur sec que le suppliant avait fait faire à l’embouchure du dit étang pour empêcher la sortie du poisson, et ont renversé divers cadres en fil et laiton qu’il y avait fait mettre un peu au dessus de l’embouchure pour les mêmes causes, ce qui peut être constaté par le certificat ci-joint de la visite faite par Monsieur FAHLBERG en date du 17 du dit mois de septembre, et encore par Messieurs Joseph BERNIER, Pierre Paul LAPLACE fils, Pierre VIANIS et Jacques AUBIN dit Vittet, qui ont été envoyés querir par le suppliant lorsque les habitants susdits entraient dans l’étang ».

Nicolas BERNIER demande que les contrevenants soient punis et condamnés à lui payer un dédommagement de quarante Gourdes en plus de la peine de cinq gourdes fixée par le Gouverneur et à payer en faveur des pauvres de la paroisse de Notre Dame de l’Assomption

Comme indiqué dans le courrier, se trouve annexé le rapport écrit par Samuel FAHLBERG «  Directeur en géométrie, et secrétaire du gouvernement de cette ile » en date du 17 septembre 1809. Il indique qu’il est intervenu sur demande du Gouverneur « à l’effet de prendre connaissance et avoir des renseignements ou informations sur les dégâts et dommages faits à l’étang dépendant de l’habitation dite Le Grand Cul de Sac appartenant à Monsieur Nicolas BERNIER père, par trente cinq habitants de l’ile qui s’y sont transportés en masse le quatorzieme du dit mois pour, avec violence, avoir la jouissance du poisson du dit étang et la liberté d’y pêcher à leur gré et volonté d’après la plainte formulée par le dit Nicolas BERNIER. Ce même jour, 14eme de septembre, je me suis transporté exprès avec le Sieur Antoine GIRAUD, Capitaine de la compagnie de la partie du vent et Jean Louis L’ORANGE, Capitaine en second de la compagnie de sous le vent, tous deux nommés et appointés par son excellence Monsieur le Gouverneur, pour m’assister comme témoins au dit effet chez le dit Nicolas BERNIER ».

Arrivés sur place, Nicolas BERNIER père et fils conduisent les officiels à l’embouchure de l’étang ou ils leur montrent deux piles de roches de sable plates se trouvant de chaque coté de l’ouverture qu’ils disent avoir été  un mur fait dans l’eau pour laisser le petit poisson rentrer et empêcher la sortie du gros. Ce mur, qui faisait quinze pieds de long sur cinq de haut dont deux sous l’eau et avait une épaisseur de trois pieds, a été détruit par les habitants susdits qui ont jeté les pierres en piles. Les BERNIER montrent ensuite les cadres en fil de laiton qui ont été jetés sur la rive nord de l’étang et qui auparavant se trouvaient dans l’eau pour empêcher le gros poisson d’approcher l’embouchure.

FAHLBERG  continue «  je déclare en outre qu’il y a avait des pêcheurs dans l’étang lors que nous nous y sommes transportés et qu’un douzaine d’eux, hommes et enfants, sont venus peu à peu vers nous à l’endroit des cadres, faignant de pêcher à l’épervier, et nous ont suivi à mesure que nous en retournions jusqu’à l’embouchure où nous les avons laissés après cependant nous être informés de leurs noms. Je certifie en outre, qu’après avoir observé les bornes de l’est et du nord de la dite habitation, que l’embouchure du dit étang se trouve sur les terres de Nicolas BERNIER ».

FRANOM_FSB_160 – extrait – signatures au bas du courrier de FAHLBERG

Dans le courrier adressé au Gouverneur, figure également un extrait des minutes du gouvernement du 26 juillet 1809 qui confirme « qu’il est défendu à qui que ce soit, sans le consentement du requérant de faire la pêche ou la chasse au dit étang, ainsi que de chasser et couper du bois et faire des herbes sur l’habitation du requérant sous peine de cinq piastres gourdes en faveur des pauvres de la paroisse Notre Dame de l’Assomption, et le requérant et les siens auront même le droit de saisir, garder et retenir les armes et attirails de la chasse ou de la pêche jusqu’à ce que l’amende aura été payée, de même qu’il pourra retenir et s’approprier de suites, les bois, et herbes coupées ou ramassées sur la dite habitation, enjoignant cependant au requérant, sous peine de nullité, de faire publier le présent extrait trois dimanche consécutifs tant à l’église de Catholique de la ville de Gustavia qu’à l’église de Notre Dame de l’Assomption au quartier de Lorient, et finalement de le faire afficher aux lieux ordinaires ».

Suit une confirmation signée par l’Abbé TORELLI, curé, dans laquelle il « certifie avoir publié au prône de notre messe paroissiale pendant trois dimanches consécutifs l’ordonnance mentionnée, tant dans la paroisse de Lorient que dans l’église Catholique de la ville de Gustavia ».

Juste après, se trouve la liste des habitants qui avaient pêché dans l’étang.

FRANOM_FSB_159 – extrait – liste des habitants

Ci-dessous une photo du « puit Molio » (AKA Nicolas BERNIER fils) la source dont on parle dans l’examen des terres de 1787 pour l’Habitation Le Grand Cul de Sac. Cette source existe toujours en 2021 et continue à donner de l’eau.

Il parait même qu’elle raconte des histoire d’antant,

Crédit photo Hervé BRIN


Catégories :BERNIER, HABITATION GRAND CUL DE SAC, Uncategorized

2 réponses

  1. A small observation: The name of the Catholic Parish of the Assumption in St. Barthelemy is a wonderful example of the gap between what is ‘de facto’ and what is ‘de iure’ especially in Church law. The proclamation of the doctrine of the Assumption was not made until 1950 (by the Catholic Pope Pius XII).

    Aimé par 1 personne

  2. Hi Tian

    Way back in 2003 I found and saved an email from you re your search for Alzier Serrante and Marie Ann Wells.

    I now have quite a bit of knowledge of these two, Alzire Servant and Mary Ann her daughter who married John Wills Heskett. I’m happy to reconnect if you are still chasing them.
    Just email,

    jo

    J’aime

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