Tout le texte en italique est celui que j’ai recopié le plus fidélement possible du texte original.
« Le 5 février 1817,
1-Le sieur Jacques AUBIN, habitant demeurant au lieu appelé Vittet en cette ile de Saint-Barthelemy,
2-Le Sieur Jean Baptiste AUBIN, demeurant au dit lieu, étant malade mais représenté par son épouse, Susanne LAPLACE, de lui autorisée,
3-Le Sieur Alexis AUBIN, habitant au même dit lieu de Vittet,
4-Demoiselle Elisabeth AUBIN, idem – idem,
5-et le sieur Pierre Paul LAPLACE, habitant demeurant au quartier du Grand Fond en cette dite île, pour, et au nom des mineurs nommés :
1 Pierre LAPLACE, âgé d’environ 14 ans,
2 Marie Magdelaine LAPLACE âgée d’environ 17 ans,
tous deux issus de son mariage avec Dlle Marie Magdelaine AUBIN, son épouse décédée, et auxquels il a été élu tuteur principal par sentence homologative d’avis de parents et amis en date de ce jourd’hui, héritiers et cohéritiers entre eux chacun pour une demie à la succession de leur mère.
Lesquels dits sieurs Jacques AUBIN, Jean Baptiste AUBIN, Alexis AUBIN, Elisabeth et Marie Magdelaine AUBIN, héritiers et cohéritiers entre eux chacun pour un cinquième aux successions de leurs père et mère décédés : Gratien ou Gassien AUBIN et Marie Catherine VITTET, son épouse. »
Les successions commencent toujours ainsi, on énumère les héritiers et cohéritiers puis, on nomme ceux qui ont fait l’estimation des biens, on nomme des arbitres, des tiers arbitres ou co-arbitres, puis, le cas échéant, les tuteurs et tuteurs subrogés.
En général, le document est rédigé sur le lieu principal de la résidence du ou des défunts. Certaines fois, la succession se tient dans les jours ou mois suivant le décès, mais cela peut dans certains cas prendre plusieurs années.
Dans le cas de cette succession on ne connait pas la date du décès de Gratien ou Gassien AUBIN, on ne peut que l’estimer en se basant sur d’autres informations, entre 1787 et 1795. Marie Catherine VITTET est, quant à elle, décédée le 13 mars 1816.
Gassien est né le 19 septembre 1735, et il est baptisé à Saint-Barthélemy le 21 mai 1736. Il est le fils d’un François AUBIN et d’une Marie Françoise SOULEVENT / SULLIVAN? , et tire son prénom d’un Gratien De LATRE, son parrain.
Marie Catherine qui nait vers 1740, et elle est la fille de Charles VITTET et de Catherine LÉDÉE (mariés à Saint-Barthelemy en octobre 1737).
Le couple se marie le 09 septembre 1766 à Saint-Barthelemy. En plus des 5 mentionnés plus haut, ils ont trois enfants qui décèdent sans laisser de descendance.
Mais revenons en à notre succession :
Fredrik Ludwig THENSTEDT, alors vice-justice en l’île Saint-Barthelemy et qui rédige l’acte qui nous occupe, continue ainsi :
« …me suis transporté en la maison et demeure de dame veuve François LÉDÉE au quartier d’Orient (n’ayant pu me transporter sur les lieux vu la maladie contagieuse dont est atteinte cette famille AUBIN et dont un d’eux, Jean Baptiste AUBIN est fortement affecté), aux fins de procéder à ce dont s’agit.
En conséquence, et pour à quoi parvenir, il sera d’abord observé que n’ayant jamais eu d’inventaire de fait des dites successions (NDL : rien n’a été fait après le décès du père) il en a été donné un aujourd’hui, ainsi qu’il sera ci-après démontré suivant la reproduction qu’a faite des biens et choses appréciables le sieur Jacques AUBIN, l’un d’eux des héritiers … »
« et pour l’estimation des dits biens, les sieurs François DÉRAVIN et Nicolas BERNIÉ comme arbitres et Joseph BERNIÉ en qualité de tiers arbitre … »
Ci-dessous c’est TOUT ce que la famille possède et qui devra être partagé entre les cinq enfants.
« INVENTAIRE
Bien fonds :
Une habitation appelée VITTET, située au quartier de Grand Cul de Sac en cette île, bornée au nord par les terres de Mr Pierre BERNIÉ, au sud par les terres de Mr Nicolas BERNIÉ, à l’est par celles de Nicolas BRIN, et à l’ouest, par celles de Joseph René LAPLACE, et est d’environ cinq carrés, estimée à la somme de deux cinquante gourdes.
Mobilier :
Treize poteaux de Gayac pour 9 gourdes
Deux bacs à manioc pour une gourde, le tout étant en bois de Gayac
Un mortier de Gayac pour une gourde et demie
Une platine en fer à cassave pour le même prix
Un pressoir à manioc pour 9 Escalins
Seize chevrons bons et mauvais, le tout une Gourde et quatre Escalins
Tous les biens se montant à 265 Gourdes et 1 Escalin »
Les biens de la famille sont presque inexistants. De toutes les successions que j’ai pu voir pour l’instant je n’en n’ai jamais vu de pareil. On peut noter l’importance du bois de Gayac encore à cette époque.
On apprend plus bas que le mobilier dont on a donné la liste plus haut a été vendu à la valeur de l’estimation.
Puis, pour insister sur la pauvreté de cette famille, on peut lire, dans le chapitre « DIVISION » :
« Le Vice-Justice soussigné, considérant l’indigence,
misère et état de maladie où se trouvent les parties,
néglige à titre gratuit ses honoraires à leur profit, ce
qui fera que la masse ci-dessus ne souffrira d’aucune
déduction pour être partagée telle quelle ».

Extrait – FRANOM FSB 310
Une fois le partage terminé, les héritiers signent le document. Aucun d’eux ne le peut, ils dessinent donc une croix et le Vice-Justice indique leur nom sur le côté.

Extrait – FRANOM FSB 310
Ci-dessous l’arbre de la famille avec descendance jusqu’au arrières petits enfants (ce que j’ai pour l’instant, toujours sujet à caution !)
Descendance de Gassien AUBIN et Marie Catherine VITTET
Catégories :AUBIN, BERNIER, DERAVIN, Uncategorized, Vitet
Bonsoir Jérôme,
Merci encore pour ce super boulot! On ne peut qu’essayer d’imaginer les conditions de vie à cette époque. Encore bravo pour ce travail…même si sujet à caution ce couple fait normalement partie de mon arbre
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