Le 17 décembre 1822, Pierre DANET « Junior » envoie une plainte à la Cour de Justice.

Je pense qu’il s’agit du Pierre DANET né le 22 mai 1800 à l’anse des Lézard, fils de Pierre DANET et de Rose GRÉAUX, cultivateurs dans ce quartier. Cette branche des DANET dont les premiers nés mâles portent le prénom Pierre depuis la naissance de Pierre, le premier DANET à naitre sur notre île en 1751.

Pierre DANET, donc, indique qu’il s’est engagé sur le navire « Catherine et Elizabeth » sous le commandement de Joseph PORTELLY, frère de John PORTELLY, tous les deux originaires de Malte, et commerçants à Gustavia. Pierre dit que le navire a navigué vers Malte, et, qu’arrivés là, ils ont déchargé une partie de la marchandise. Puis le navire est resté là. Longtemps. Très longtemps. En effet, ça n’est qu’au bout de sept mois que le navire repart, à destination de Marseille, en France. Arrivé là-bas, Pierre DANET dit qu’il a été obligé de déserter le navire à cause des mauvais traitements reçus de son capitaine et de son second. Se trouvant seul et perdu dans ce pays étranger, sans moyen de subsistance, il doit alors battre le pavé, celui des quais du vieux port en l’occurrence, à la recherche d’un embarquement. Il saute sur la première opportunité qui se présente, un navire suédois à destination de la Sicile. Il effectue ce voyage, mais se retrouve de nouveau à Marseille. Il trouve finalement un bateau faisant voiles sur la Martinique, puis, de là, un autre qui le ramène à la maison.

Pierre DANET demande que la Cour prenne en compte sérieusement qu’il a été obligé de quitter le navire pour cause de mauvais traitements, et que Joseph PORTELLY soit condamné à lui payer son salaire jusqu’au moment de sa désertion à Marseille. Il demande dix mois de traitement au taux de sept Dollars par mois, ainsi que le remboursement des frais de justice.

Le lendemain, John PORTELLY reçoit la convocation de la Cour de justice pour répondre des accusations lancées contre son frère. Malheureusement, je n’ai rien trouvé de plus sur cette affaire.

Pierre DANET épouse Marguerite Rose « Véronique » BRIN le 4 juin 1825. Elle est native du quartier de Public. Ils auront cinq enfants, mais pas de descendance sur notre île.  Pierre décède en 1840.

On peut noter que Pierre est le frère de François « L’Arigot » DANET, assassiné en 1857 à Saint-Jean.

Il est amusant de lire que Pierre DANET, parlant de la France, indique se retrouver dans un pays étranger, alors que son arrière-grand-père, Pierre DANET, l’avait quitté vers 1750.

J’aurais bien aimé avoir le fin mot de cette affaire, néanmoins, ce document prouve que les Saint-Barth naviguaient bien plus loin que les îles de la Caraïbe, à minima, jusqu’à Malte, jusqu’à Marseille.

Profitons du moment. Un genre de grand écart. 1822, 2024.

Est-ce que ce le « Catherine et Elizabeth » ne ressemblait pas un peu à ce grand voilier qui, aujourd’hui, faisait une entrée majestueuse dans le port de Marseille ? Et je me figure alors notre Pierre DANET, les yeux écarquillés devant la gigantesque ville qui s’offre à lui, déboulant des collines vers la mer, prête à l’avaler d’un coup.

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