Lorsqu’on évoque la population de Porto Rico, on pense tout de suite à l’Espagne et à l’Afrique. Et c’est normal : la grande majorité des habitants d’aujourd’hui compte parmi ses ancêtres des colons venus de la péninsule ibérique, et des esclaves arrachés de force aux côtes africaines, ou les deux.
Mais l’histoire de l’île ne s’arrête pas là. Avec le temps, d’autres racines se sont ajoutées, venues d’un peu partout dans le monde, bien que dans des proportions beaucoup plus modestes. Avant le XIXe siècle, en revanche, ces présences étrangères restaient presque invisibles : Porto Rico vivait alors surtout au rythme de ses deux grandes composantes, espagnole et africaine.
Pendant longtemps, Porto Rico est resté fermé aux influences extérieures. Les lois espagnoles, très strictes, limitaient sévèrement le passage des étrangers dans les colonies : seuls ceux qui pouvaient prouver leur catholicité et obtenir une licence royale étaient autorisés à s’y établir. Juifs, Maures et chrétiens non catholiques étaient systématiquement exclus. Cette politique avait un objectif clair : consolider l’empire, préserver l’unité religieuse et contrôler l’évangélisation. Les exceptions concernaient surtout quelques artisans, ouvriers qualifiés ou étrangers déjà installés en Espagne et mariés à des Espagnols. Résultat : du XVe au XVIIᵉ siècle, l’immigration étrangère est restée marginale. Ce n’est qu’au XIXᵉ siècle, avec l’assouplissement progressif des lois, que l’île a commencé à attirer davantage de familles venues d’ailleurs et dont l’influence s’est fait sentir jusque dans la composition de la population actuelle.
À partir de 1815, l’Espagne changea de stratégie : pour repeupler Porto Rico, relancer son économie et contrer l’influence de ses rivaux européens dans la Caraïbe, la Couronne décida d’ouvrir plus largement ses portes aux étrangers. Cette volonté prit forme dans un texte-clé : la Cédula de Gracias, promulguée le 10 août 1815, la première grande loi pensée uniquement pour Porto Rico afin d’y attirer des colons. Les étrangers catholiques, issus de nations amies de l’Espagne et prêts à jurer fidélité à la Couronne, pouvaient recevoir gratuitement des terres proportionnelles à leur famille et au nombre d’esclaves qu’ils introduisaient. La Cédula ne visait pas seulement le repeuplement : elle entendait aussi consolider le système de plantations en stimulant l’importation d’esclaves africains. Une fois naturalisés, les colons avaient accès aux honneurs civils et militaires et jouissaient des mêmes droits que les Espagnols. Pendant quinze ans, ils étaient exemptés d’impôts sur leurs récoltes et leurs ventes, et, au-delà de ce délai, ne payaient qu’un taux réduit de 2,5 %. Les étrangers blancs étaient aussi dispensés du tribut personnel et de la capitation. Ils avaient le droit de repartir dans leur pays durant les cinq premières années sans pénalités, de circuler librement dans l’Empire espagnol avec l’autorisation du gouverneur, et même de s’armer pour se protéger en cas de révolte d’esclaves ou d’invasion extérieure. Le texte allait jusqu’à prévoir la présence de prêtres parlant les langues étrangères pour accompagner spirituellement ces colons.
La Cédula fut rapidement suivie de mesures précises pour en assurer l’application. Dès le 12 août, une instruction demandait au gouverneur et à l’intendant de Porto Rico de mettre en place des dispositions concrètes afin d’accroître la population et de réduire le coût de la vie. Le 15 janvier 1816, un règlement complémentaire intitulé « Établissement des colons étrangers » vint préciser de nombreux points de la loi. Les colons devaient prouver leur catholicité, déclarer leur profession et leurs biens, qu’ils pouvaient emporter librement après dix ans de résidence. Ils recevaient alors gratuitement et à perpétuité les terres promises. Surtout, les lettres de domicile leur garantissaient la protection de leurs personnes et de leurs biens, au même titre que les anciens habitants, et abrogeaient les coutumes d’aubaine ou d’enchétage qui permettaient ailleurs à l’État de s’approprier les biens d’un étranger décédé. Même en cas de guerre avec leur pays d’origine, ils ne perdaient pas leurs droits ni leurs propriétés, y compris s’ils n’avaient pas encore atteint cinq ans de résidence. Ils pouvaient aussi repartir librement, vendre leurs terres et exporter leurs biens, moyennant une taxe de 10 % prévue par la Cédula.
Une restriction subsistait toutefois : pendant les cinq premières années de résidence, les colons étrangers ne pouvaient exercer seuls le commerce maritime, ouvrir des magasins ni posséder de navires. Ces activités restaient néanmoins possibles s’ils s’associaient à des Espagnols. Enfin, un accord signé le 24 janvier 1816 entre le gouverneur et l’intendant clarifia les points liés au commerce, à la navigation et aux droits d’importation et d’exportation. Par son esprit libéral, il fut un levier supplémentaire pour attirer de nouveaux immigrants.
En pratique, cette ouverture a beaucoup profité à des Corses, des Français venus des petites Antilles voisines, mais aussi à des Italiens, des Irlandais, des Allemands, à de nombreux Espagnols… et même, plus rarement, à des migrants inattendus, comme ce Luxembourgeois inscrit dans les registres. Autant de familles dont les descendants participent encore aujourd’hui à la richesse humaine et culturelle de Porto Rico.
Dans l’article précédent, nous avions évoqué l’arrivée des familles Bernier, Borniche, Giraud et Lamontagne, installées à Porto Rico dès 1804–1805, soit une dizaine d’années avant la promulgation de la Cédula de Gracias. Aujourd’hui, poursuivons ce parcours et partons à la rencontre d’autres Saint-Barth qui, tout au long du XIXᵉ siècle, ont choisi de s’établir sur l’île. On retrouve leurs traces dans les registres et dans les dossiers remplis à leur arrivée : certains dossiers sont riches en détails, d’autres incomplets ou illisibles.
Toutes les sources ne concordent pas toujours. Certains noms apparaissent dans les registres paroissiaux sans figurer dans les listes officielles, et inversement.
La liste que je vous présente ci-dessous, publiée en 1962 par des chercheurs portoricains, offre donc un bon aperçu, mais elle n’est pas exhaustive, loin s’en faut. Elle comporte aussi des erreurs. Ainsi, on y lit que certaines familles n’auraient commencé à résider à Porto Rico qu’après 1807, alors que nous savons qu’elles y vivaient déjà dès 1804–1805. Rien d’étonnant : l’administration notait à sa manière, tandis que les familles d’immigrés, elles, vivaient déjà leur quotidien — parfois sans chercher à trop se faire remarquer.
La liste ci-dessous, que j’ai reprise telle quelle, comporte 27 noms de personnes arrivées de Saint-Barth avant 1900. Je n’ai pas été capable de tous les identifier (sous les noms sous lesquels on les connaît dans les registres de notre île). Pour certains, il existe des dossiers de demande de résidence, pour d’autres, il n’y en a pas. Dans un prochain article, je ferai une nouvelle liste avec les migrants de Saint-Barth ne figurant pas dans celle que nous étudions aujourd’hui, et que j’ai pu reconstituer à l’aide des dossiers que j’ai trouvés.
Pour chaque paragraphe correspondant à un nom, la partie en gras est un copié-collé de la liste, telle que parue dans le livre : Catálogo de extranjeros residentes en Puerto Rico en el siglo XIX. de Loubriel, Estela Cifre. Río Piedras, Puerto Rico, 1962, Editorial Universitaria
Le complément d’information provient de mes recherches en l’état actuel.
1. BERNIER, Andrés. Originaire de Saint-Barthélemy ; réside à Porto Rico depuis 1807 ; obtient sa naturalisation en avril 1816 sous l’égide de la Cédula de Gracias.
Comme on l’a vu dans l’article précédent, il est né à Saint-Barthélemy vers 1780, et il est arrivé à Porto Rico début 1805 avec son épouse, Anne Rose Pimont. Ils ont eu cinq enfants dont un né à Samaná, deux à Guyama et deux à Saint-Barth. Il décède à Guyama en 1825. Je n’ai pas son dossier.
2. BERNIER, Juan Pedro. Originaire de Saint-Barthélemy ; réside à Porto Rico depuis 1807 ; obtient sa naturalisation en avril 1816 sous l’égide de la Cédula de Gracias.
Idem que le précédent, il est arrivé avec son épouse, Éléonore Perrot, à Guayama courant 1804 en provenance de Jacmel. Ils ont eu trois enfants à Guayama et deux à Saint-Barthélemy. Comme nous le verrons dans le prochain article, il peut y avoir confusion avec deux autres homonymes.
3. BERNIER, Mauricio. Originaire de Saint-Barthélemy ; réside à Porto Rico depuis 1804 ; obtient sa naturalisation en avril 1816 sous l’égide de la Cédula de Gracias.
Idem que les deux précédents, il est arrivé à Guayama courant 1804, où il a épousé Maria Simmona Salas Rodriguez en 1805. Ils ont sept enfants.
4. BILLARAINETU, Charles. Originaire de Saint-Barthélemy ; sujet français ; âgé de 28 ans ; célibataire ; tonnelier ; domicilié ; réside à Fajardo en 1875.
Son véritable nom est Charles Bellamy. Il est né à Grand Fond vers 1842, descendant d’esclave, fils d’Édouard Bellamy et de Gracey, dite Lédée, ou Gracey, ou Canga, ou … enfin, Demoiselle Béatrice.
5. BLANC, Victoria. Originaire de Saint-Barthélemy ; âgée de 30 ans ; célibataire ; domestique ; domiciliée ; réside à Guayanilla en 1872.
Victorine Blanc, née à Gustavia le 28 mars 1832. Fille d’Auguste Léon Blanc et d’Anne Elisabeth Géréo. La famille de son père est originaire de Marseille.
6. CALLERIN, Magdalena. Originaire de Saint-Barthélemy ; âgée de 27 ans ; mariée ; domestique ; domiciliée à Naguabo ; réside à Humacao en 1875.
Je n’ai pas réussi à l’identifier pour l’instant.
7. CIRIGE, Luis F. Originaire de Saint-Barthélemy ; s’établit à Porto Rico sous l’égide de la Cédula de Gracias ; obtient sa carte de domicile en mai 1816 ; introduit du bétail et devient propriétaire terrien.
Il faut lire son nom comme étant : Louis Cerge / Serge. Il est né à Colombier, à Saint-Barthélemy, le 2 octobre 1773, fils de Jean Pierre Serge et de Catherine Questel. Il a eu cinq enfants avec son épouse Marie Louise Magras, mais celle-ci est probablement décédée avant 1814.
En avril 1816, Louis Serge envoie un courrier au maire de Guyama. Il écrit être arrivé à Porto Rico en 1814, à Guayama, avec pour objet d’y rester quelques jours. Il habitait chez son vieil ami Charles Croisel, puis il est tombé gravement malade. Apparemment, une fille du coin (ou une fille de son hôte ?) s’est occupée de lui. Lorsqu’il a été rétabli, il a travaillé dans l’hacienda de Monsieur Croisel pour rembourser les soins, puis Croisel est mort. Louis est donc resté sur place pour continuer à s’occuper de la ferme de son ami décédé. Il semble indiquer que Croisel avait parlé de lui en bien à son Excellence (l’alcalde de Guyama). Louis demande sa carte de résidence. Il est convoqué pour jurer fidélité à la religion catholique, au roi et à la loi, le 10 août 1816. Il reçoit la carte de résidence le même jour.
Dans son dossier, il y a un certificat du curé de la paroisse de Guyama, daté du 1er avril 1816, qui indique qu’il le connaît depuis février 1814, et qu’il est un bon catholique et assiste à toutes les messes avec sa famille.
Les enfants de Jean Louis Serge s’installent à Porto Rico sans doute vers 1816.
1-Marie Louise, née à Saint-Barth en 1795, épouse José Basques, sans doute vers 1818. Ils auront deux enfants qui naissent à Guayama :
Lauriano Basques Serge en 1819,
María Josefa Basques Serge, en 1821.
2-Antoinette, née à Saint-Barth en 1797, épouse Pierre Lédée à Guayama en 1821. Pierre est né à Saint-Barth vers 1792. Pour la petite histoire, le témoin du mariage est un certain José María Montoya ; je ne sais pas si nous sommes apparentés.
3-Marianne, née à Saint-Barth en 1799, épousa Jean Louis Mutrel à Guayama en 1823. Il est né à Saint-Barth en 1798. Il ne semble pas y avoir eu d’enfant de ce mariage.
4-Jean Pierre, né à Saint-Barthélemy en 1801, épouse Marie-Anne Antoinette Aubin à Guayama en 1823. Elle est née à Grand Fond en 1804. Le couple a deux enfants, dont Jean Louis Serge Aubin, qui épouse Francisca Perez Questel en 1852 à Guayama.
5-Joseph, né à Saint-Barth en 1804. Il épouse en premières noces Louise Mutrel, à Saint-Barthélemy, en 1827 (elle est la belle-sœur de Jean Louis Mutrel). Ils auront deux enfants.
A-Louis Joseph, né à Saint-Barth en 1829, épouse Louise Aubin sur notre île en 1851. Il décède à Porto Rico. Leur fille Joséphine s’installe à Saint-Thomas, d’où sa descendance, mais elle décède à Guayama.
B-Antoinette, née à Saint-Barthélemy, épouse Nicolas Bernier sur notre île en 1852. Ils auront six enfants. Antoinette et la plupart de ses enfants décèdent à Guayama.
8. DERNIÉ, Andrés. Originaire de Saint-Barthélemy ; réside à Porto Rico depuis 1807 ; obtient sa naturalisation en avril 1816 sous l’égide de la Cédula de Gracias.
Il faut lire Andrés Bernier, fils de l’autre Andrés Bernier, dont nous avons déjà parlé.
9. ENGLAND, Harold. Originaire de Saint-Barthélemy ; sujet français ; âgé de 16 ans ; célibataire ; charpentier ; domicilié ; réside à Fajardo en 1874.
Je n’ai pas pu identifier cette personne.
10. GEDOL, Josefina. Originaire de Saint-Barthélemy ; âgée de 37 ans ; célibataire ; blanchisseuse ; domiciliée ; réside à Naguabo en 1875.
Je n’ai pas pu identifier cette personne.
11. GIRAU, Martín. Originaire de Saint-Barthélemy ; sujet français ; âgé de 60 ans ; célibataire ; agriculteur ; domicilié à San Juan en 1874.
Je n’ai pas pu identifier cette personne.
12. GIRAU, Mateo. Originaire de Saint-Barthélemy ; sujet anglais ; âgé de 68 ans ; célibataire ; agriculteur ; domicilié ; réside à San Juan en 1874.
Je n’ai pas pu identifier cette personne.
13. GIRAUD, José. Originaire de Saint-Barthélemy ; sujet français ; âgé de 54 ans ; célibataire ; forgeron ; domicilié ; réside à Ponce en 1877.
Je n’ai pas pu identifier cette personne.
14. GIRO, Antonio. Originaire de Saint-Barthélemy ; réside à Porto Rico depuis 1811 ; obtient sa naturalisation en mai 1816 sous l’égide de la Cédula de Gracias.
Nous l’avons déjà vu précédemment, il est arrivé bien avant 1811 puisqu’il a des enfants à compter de 1806 au moins.
15. GROBOE, Fernando. Originaire de Saint-Barthélemy ; sujet anglais ; âgé de 29 ans ; célibataire ; passeur ; domicilié ; réside à Naguabo en 1875.
Il est né à Saint-Barthélemy vers 1845, mais je n’ai pas trouvé l’acte de baptême. Il est le fils de George Lord Groebe, natif de Saint-Eustache, et de Mathilda Haddocks, native de Gustavia (1814), mais dont les parents arrivaient de Saba. Fernando décède à Naguabo le 3 août 1889. La déclaration du décès est faite par son frère William Groebe. Il n’y a pas de descendance connue.
16. HADDOCK, William. Originaire de Saint-Barthélemy ; sujet anglais ; âgé de 53 ans ; marié ; commerçant ; domicilié à Naguabo en 1875 ; son fils, Vicente Haddock, né à Fajardo en 1858, est déclaré dans son expédition comme né en Suède, ce qui indique qu’il est peut-être d’origine suédoise ou scandinave.
William Haddock est né à Gustavia le 25 août 1820, il est donc bien suédois. Il est le fils de William Haddock et de Johanna Suzanna Dinzey, tous deux nés à Saba. William Haddock “père” est un commerçant influent et il est membre du Conseil Royal de notre île. Mathilda Haddock, la sœur de William “fils”, est la mère de Fernando Groebe. Je n’ai aucune information concernant un fils nommé Vincent de William Haddock.
17. HADDOCK GREDORE, Guillermo. Originaire de Saint-Barthélemy ; sujet anglais ; âgé de 29 ans ; célibataire ; journalier ; domicilié ; réside à Naguabo en 1875.
William Haddock Groebe. Il est né à Gustavia le 23 mai 1843, c’est un neveu de William Haddock, un fils de Mathilda, un frère de Fernando. Il ne reste pas à Porto Rico et décède à Saint-Eustache en 1898. À noter que William Haddock (le numéro 16 de la liste) a un fils qui a une famille à Naguabo, William Groebe Haddock, mais il ne naît que vers 1865 (voyez comment les noms et les prénoms se croisent).
18. LAPLAZA, Juan Isidoro. Originaire de Saint-Barthélemy ; âgé de 93 ans ; marié ; agriculteur ; propriétaire terrien ; domicilié à Juana Díaz en 1873 avec quatre membres de sa famille.
Je ne vois pas qui pourrait être ce Jean Isidore Laplace, né à Saint-Barthélemy vers 1780. Le prénom Isidore n’était pas donné à cette époque. La première personne à porter ce prénom à Saint-Barthélemy est un Berry né en 1829, et le premier Laplace que j’ai sous le nom d’Isidore ne naît qu’en 1861 à l’Anse-des-Cayes. De toute façon, il doit y avoir une erreur dans le recensement – malheureusement, on ne les trouve pas en ligne – car Isidro LAPLAZA semble être marié et avoir des enfants entre 1860 et 1875. Il aurait une descendance.
19. LEDI ou LEDT, Pedro. Originaire de Saint-Barthélemy ; réside à Porto Rico depuis 1804 ; obtient sa naturalisation en avril 1816 sous l’égide de la Cédula de Gracias.
Pierre Lédée dit “Gayac”, né à Lorient en 1764, fils de Michel Lédée et de Marie Elisabeth Berry. Il a été marié trois fois, comme suit :
Le 21 mai 1791, avec Suzanne Gréaux, née à Saint-Jean en 1770. Ils n’ont qu’un fils, Pierre, né vers 1792. Pierre Lédée, « fils », est celui qui épouse Antoinette Serge à Guayama en 1821. Suzanne Gréaux décède en octobre 1792.
Le 8 décembre 1795, il épouse Magdelaine Borniche, née en 1760. Elle est la sœur d’Elisabeth Borniche. Ils n’ont pas d’enfant, et elle décède le 6 mars 1800 à Lorient.
Le 29 octobre 1805, à Guayama, il épouse Elisabeth Justine Bernier, la veuve Lamontagne, nièce de sa deuxième épouse et d’Elisabeth Borniche. Ils ont un fils, Domingo, qui épouse Petrona Cordero, possible descendance.
20. MARTIN, Jaime. Originaire de Saint-Barthélemy ; sujet français ; âgé de 63 ans ; célibataire ; maçon ; domicilié ; réside à Ponce en 1874.
Je n’ai rien sur lui
21. MERLO, Juan Bautista. Originaire de Saint-Barthélemy ; domicilié à Porto Rico en 1840.
Il est né le 18 mai 1838 à Gustavia, fils naturel de Joseph Barthélemy Pinace et de Marie Victorine “Merline” Merlo.
On peut noter que son père est né à Gustavia en 1809, fils d’une famille de la Martinique. Il est marchand. En mars 1834, il a épousé Judith Anne Connor, dont il a obtenu le divorce pour cause d’adultère en août 1835, après un intéressant procès. Il aura aussi une fille, Marie Eglantine, avec Judith Romney en 1841, puis se remariera avec Anne Géréo en 1846, avec trois enfants. Anne Géréo est la sœur d’Anne Elisabeth Géréo, la mère de Victorine Blanc, que l’on a vue plus haut. Marie Victorine Merlo est décédée à Gustavia le 19 mai 1840.
Il me semble possible que Marie Victorine ait eu un frère, Juan Bautista Merlo, dit, natif de Corse, qu’on retrouve à Porto Rico, à Guayanilla. Je pense que ce Juan Bautista Merlo a été marié ou en ménage, une première fois, avec Ana Maria Taltavogli à Porto Rico (souvenez-vous, son père arrivait des Baléares et épousait Émilie Justine Laplace en 1802 à Saint-Barthélemy). Puis, ce Juan Bautista Merlo aurait épousé une Montserrate Rodriguez Diaz à Guayanilla. Le couple a eu une première fille, Victoria, en 1842.
Au décès de Marie Victorine, Jean-Baptiste aurait été envoyé à Porto Rico pour y retrouver son oncle. Difficile d’avoir des certitudes, malheureusement.
22. NICOT, Carlos. Originaire de Saint-Barthélemy ; sujet français ; âgé de 50 ans ; célibataire ; intendant ; domicilié ; réside à Juana Díaz en 1873 avec un membre de sa famille ; réside à Ponce ; mentionné dans un dossier comme natif d’Angleterre.
Il s’agit d’Auguste Charles Jean Nicot, né à Gustavia en août 1822 et baptisé le 3 novembre de la même année. Il est le fils de Jean-Baptiste Nicot, né à Saint-Barthélemy vers 1800, et d’Amélie Augustine Rabainne, également native de notre île. On peut noter que le grand-père paternel de Carlos, Joseph Ange Auguste, arrivait d’Aix-en-Provence, et que son grand-père maternel, Augustin Bertrand Rabainne, arrivait de Bordeaux. Charles “Carlos” Nicot est décédé à Ponce le 22 juillet 1888, célibataire.
Charles “Carlos” Nicot a un cousin également nommé Charles qui naît en 1821. C’est l’acte de décès à Ponce qui permet de confirmer que c’est lui. L’oncle de Charles “Carlos”, le père du Charles né en 1821, un certain Charles Victor Sainte-Rose Nicot, avait pourtant déposé un dossier pour s’installer à Guayama en 1832, mais il ne semble pas y être resté ; en tout cas, il est décédé à Saint-Martin.
23. PENILLO, Antonio. Originaire de Saint-Barthélemy, il obtient sa naturalisation en mai 1817 sous l’égide de la Cédula de Gracias ; propriétaire d’esclaves et de capitaux.
Antoine ou Anthony Panilio est né à Saint-Kitts le 13 octobre 1786. Il est le fils de William Panilio, homme de couleur libre, et d’Ann Payne. Ses parents se sont mariés en 1782 sur l’île de Saint-Thomas. Le père est charpentier avec le statut de bourgeois à Gustavia. Le 12 janvier 1815, Antoine épouse Angélique Bron, dite native de Sainte-Anne en Guadeloupe.
On trouve bien le dossier de la demande faite par Antonio Panilio le 29 mai 1817. Il indique qu’il désire profiter de la Cédula de Réal pour s’installer à Patillas, qu’il a fourni la copie de son acte de baptême et qu’il est prêt à jurer fidélité afin d’obtenir sa carte de résidence. Il obtient la “carta de domicilio” le même jour.
L’acte de baptême indique que ses parents sont originaires de l’île de Saint-Christophe. Il se fait baptiser le 20 août 1815 à Gustavia, alors âgé de trente-trois ans, sans doute afin de pouvoir profiter de cette nouvelle « catholicité » pour faciliter son installation à Porto Rico.
Le dossier contient également une fiche de recensement concernant sa famille à Patillas, datée du même jour. Il est dit métis, natif de Saint-Barthélemy, marié à Maria Angela, métisse, et ils ont cinq enfants (je n’en avais aucun), à savoir : Samuel, Elisa, Alexandro, Oracio Juan, Anna Sofia, qui sont tous métis. Antonio Panilio possède vingt esclaves et un capital de 800 dollars espagnols.
24. PINARES, Leocadia. Originaire de Saint-Barthélemy ; âgée de 29 ans ; mariée ; domestique ; domiciliée ; réside à Guayanilla en 1872.
En fait, il s’agit de Léocadie Pinace, née à Gustavia le 18 janvier 1849 et baptisée le 15 mars de la même année. C’est une fille de Joseph Barthélemy Pinace et de sa troisième épouse, Anne Géréo. C’est donc une demi-sœur de Jean-Baptiste Merlo, mais aussi, une cousine de Victorine Blanc (leurs mères sont sœurs). Bien entendu, vous l’avez déjà deviné… tout le monde est domicilié à Guayanilla !
Elle s’est mariée avec Juan Sabathier (un Français originaire des Pyrénées), dont elle a eu quatre enfants : Josefina, Leocadia, Victoriana et Miguel. Ils ont une descendance.
25. RECCHI, Carlota. Originaire de Saint-Barthélemy ; réside à Naguabo ; décède dans cette ville en 1877.
Je n’ai rien sur elle.
26. ROCHE ou BOCHE, Juan María. Originaire de Saint-Barthélemy ; s’établit à Porto Rico sous l’égide de la Cédula de Gracias ; obtient une carte de domicile en juillet 1817 ; possède quatre esclaves et un capital de 2 000 pesos.
Jean Marie Roche est né à Gustavia le 25 août 1794, à Saint-Barthélemy. Il est le fils de Jacques Roche, capitaine de navire, et de Rosa Carbone, sur qui je n’ai aucune information. Jean Marie a un frère, Joseph, né vers 1798, charpentier à Gustavia, et décédé au même endroit en 1814. Il a aussi une sœur, Venus ou Venancia Roche, qui émigre également à Porto Rico.
Comme son père, Jean-Marie est capitaine et armateur à Gustavia. Il épouse Louise-Marie Aubin le 26 novembre 1816 sur notre île. Elle est née à Grand-Fond le 3 mars 1794, fille de Pierre Aubin et de Marie Louise Brin, tous deux nés à Grand-Fond également.
Je pense que les parents de Louise Marie vont aussi habiter un moment à Porto Rico, mais sa mère sera de retour au moins en 1821, abandonnée par son mari et vivant à Grand-Fond dans la plus grande misère (rapport de 1836).
Jean Marie fait sa demande d’installation à Guayama le 11 juillet 1817, en vertu de la loi de 1815. Sur la feuille de recensement datée du même jour, il est indiqué qu’il est blanc et natif « de la isla de San Bartolomé », qu’il est marié à Maria Luisa Aubin, blanche. Les parents de Jean Marie habitent avec eux, Santiago Roche et Rosa Carbonne, ainsi que ses frères et sœurs, Antonio, Venus, Adela, et Virginia. Il est dit qu’il est laboureur, propriétaire de quatre esclaves, et qu’il possède un capital de 2000 dollars espagnols.
Il a pensé à amener son certificat de baptême. Le 14 du même mois, il prête serment.
Jean Marie et son épouse ont au moins trois enfants nés à Guayama, Juana Maria en 1818, Juan Francisco, en 1821 et Marie Roseaura en 1824.
Le 24 août 1833, résidant là depuis plus de cinq années en tant qu’agriculteur, il présente un dossier de naturalisation. On lui demande de présenter sa carte de résidence, mais il indique qu’il l’a perdue, ainsi que la plupart de ses papiers dans le cyclone de 1819. Il est tout de même capable de présenter une traduction conforme de son acte de baptême du 4 décembre 1794 à Gustavia. Il possède toujours une copie de l’acte de mariage (en français), ainsi qu’une copie de l’acte de baptême de son épouse (en français).
Le frère de Louise-Marie Aubin, Pierre, épouse Catherine Roche, la sœur de Jean-Marie, le 6 novembre 1828.
Venus Roche épouse Michel Lédée vers 1820. Michel est né à Grande Saline le 20 novembre 1792, fils de Jean-Baptiste Lédée et de Julienne Brin. Ils ont au moins sept enfants, mais ils doivent, comme les autres, continuer à faire des allers-retours vers Saint-Barthélemy, et au moins deux de leurs enfants naissent sur notre île.
Il y a une grande descendance à Porto Rico de nos jours.
27. SIMONSON QUEDARLO, Federica. Fille de Magin et d’Elena Crispina ; originaire de l’île de Saint-Barthélemy ; célibataire ; décède à San Juan en 1840 à l’âge de 40 ans.
Je pense qu’il s’agit d’Ana Cajfa Simmonsson, née à Gustavia le 20 avril 1800. Elle est la fille de Magnus Simmonsson, marchand et bijoutier né en Suède, et de Helena Christina Quaderlof, originaire de Göteborg. Elle semble être restée célibataire.
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