La photo de Jean François dit « Auguste  » ZINGUE, né esclave

Il y a quelques temps, j’ai été contacté par une Américaine de Saint-Thomas qui me demandait si je pouvais l’aider un peu dans sa recherche su ses ancêtres ZINGUE de Saint-Barthélemy. Après lui avoir répondu que j’aurais des informations complémentaires à apporter au beau travail qu’elle avait déjà effectué, elle m’envoya une superbe et bouleversante photo. Une photo importante pour l’Histoire de Saint-Barthélemy et qui m’a donné envie d’écrire cette histoire.

Cette photo, c’est son cousin, le Père Georges Franklin, curé à Saint-Thomas, qui l’avait ramenée de Saint-Barth (avec d’autres) lors d’un voyage ici à la fin des années 70 ou au tout début des années 80. Elles étaient restées là, dans la maison familiale abandonnée, lorsque le dernier des ZINGUE, qui habitait encore notre ile, était parti rejoindre ses ancêtres.

Comme le dernier souffle d’une partie de notre Histoire, les ZINGUE avaient disparu.

Pour parler de la généalogie des ZINGUE, il faut parler de l’esclavage à Saint-Barthélemy, car si la photo est émouvante à plus d’un titre, c’est avant tout parce que le vieil homme que l’on voit dessus, entouré de sa femme et de leurs trois enfants, est né esclave sur notre île ! Peut-être qu’il existe d’autres photos du même type, en tous cas, je ne connais que celle-ci à Saint-Barthélemy. C’est une photo monument historique !

Remonter la généalogie des esclaves c’est compliqué. Les registres paroissiaux des esclaves, souvent séparés de ceux des blancs, mais pas toujours, sont particulièrement mal tenus et mal écrits. J’en suis même  à me demander parfois si cela n’est pas volontaire. On n’y indique très souvent que le nom de la mère,  des fois même pas, et on se perd entre des noms, des prénoms, des surnoms qui changent et varient en fonction des actes. Les lieux aussi, lorsqu’ils sont mentionnés, ne sont pas toujours les mêmes pour cause de changements de propriétaires. Très souvent, les esclaves n’appartiennent pas à la même personne, et, au gré des ventes ou des successions, les familles d’esclaves sont séparées, dispersées, et très vite on perd le fil. Un enfant qui ne porte qu’un prénom sans aucune indication de ses parents, que celle de son propriétaire ou de son parrain ou marraine, est bien difficile à retrouver.

Les noms de famille portés par les esclaves que l’on retrouve après l’abolition de l’esclavage de 1847, sont souvent des surnoms donnés à la mère, ou au père, voir des combinaisons des deux, quelque fois aussi, le nom du propriétaire d’un des parents ou même, des grands-parents. Un enfant pourra en porter un, un frère ou une sœur, un autre. DIDIER, HILAIRE, JEAN-FRANÇOIS, FRANCISSE, VINCENT, BAPTISTE, JEAN-BAPTISTE, BENJAMIN, ETIENNE, NICOT, sans parler des « dit LÉDÉE », « dit GRÉAUX» ou « dit DUZANT » par exemple, et beaucoup d’autres encore ! On pourra aussi consulter les recensements de Saint-Thomas après 1847 par exemple, qui sont pleins de personnes ne portant qu’un prénom et qui sont nées à Saint-Barth avant l’abolition.

Ce qui complique la donne, c’est que ces prénoms ou surnoms peuvent avoir été donnés à des esclaves différents ayant vécu à la même époque mais pas forcément apparentés. Qui est qui ? Une bobine bien compliquée à remettre en ordre !

Déchiffrer les successions des propriétaires (lorsque c’est possible) et repérer dans les mariages et les naissances qui suivent 1847 est très important pour essayer de remonter un peu l’arbre généalogique. Les successions comme nous le verrons après, permettent certaines fois de recoller des morceaux. Les actes de mariages et de baptêmes des nouveaux libres aussi. On y remarque des mouvements inhabituels entre des quartiers, des noms et des prénoms qui reviennent, des témoins qui se croisent, des surnoms qui passent. En jonglant avec tout ça, et quand on a de la chance, on passe à l’étage supérieur, on remonte d’une génération.

En généalogie, il faut pouvoir prouver ce que l’on avance, mais dans le contexte de la généalogie des esclaves à Saint-Barthélemy, on est bien obligé de couper les coins, d’arrondir les angles certaines fois. Je pense ne pas me tromper dans ce qui suit, mais je ne peux pas garantir qu’il n’y ait pas une erreur quelque part.

Les souvenirs de la famille ZINGUE sont encore nombreux aujourd’hui, mais ils remontent aux années 60 ou 70. Ils habitaient deux petites cases à Colombier, sur les hauteurs surplombant l’Anse Gascon, et il semble qu’ils étaient très appréciés de la communauté.

Philippe et sa sœur Marie Marguerite « dite Magritte » sont les deux derniers ZINGUE ayant vécu à Saint-Barthélemy, et, avec leur frère Jean Joseph, ils étaient les trois enfants du deuxième mariage de Jean François Auguste ZINGUE, leur mère était une Anne Agathe LÉDÉE de Flamands, nous y reviendrons.

Pour tout de suite illustrer ce que l’on a dit plus haut sur les problèmes de noms et de prénoms, on pourra tout de suite remarquer qu’à son décès en 1919, Jean François Auguste ZINGUE figure sous « Jean FRANÇOIS » fils naturel de feu Joseph et de feue Rosette. Il n’est point question de ZINGUE.

Jean François dit Auguste ZINGUE vers 1918 – détail de la photo – Collection famille ZINGUE

A son premier mariage en 1857, il figure sous Jean François ZINGUE, fils de feu Joseph ZINGUE et de Rosette.

A son deuxième mariage, il figure sous Jean FRANÇOIS mais avec la mention « dit Auguste ZING » fils naturel et non reconnu de sieur Joseph et de la demoiselle Rosette tous décédés.

On remarque également, que sa date de naissance est inconnue et fluctuante, allant de « vers 1820 » à « vers 1830 » en passant par « courant septembre 1820 ». Je n’ai pour l’instant pas trouvé son baptême.

De la même manière, les trois enfants, Philippe, Jean Joseph et Marie Marguerite, sur lesquels nous reviendront plus bas, sont, à la déclaration de leur naissance, désignés sous le patronyme « FRANÇOIS » et c’est seulement par un jugement du 14 mai 1935, que ZINGUE devient leur patronyme.

« Magritte » ZINGUE – Collection famille ZINGUE

J’ai fini par retrouver le baptême de Jean François Auguste ZINGUE, le 26 aout 1821 dans la paroisse de Gustavia. Il est né en septembre de l’année précédente, esclave de Jean François MAGRAS. L’acte de mariage de 1904, dit bien également qu’il est né « dans le courant du mois de septembre 1820 ».

Me doutant que Jean François ZINGUE était un ancien esclave, il ne me restait plus que d’essayer de croiser ceux qu’on trouve dans les successions pour essayer se rapprocher de la vérité (son acte de baptême n’ a été retrouvé que récemment).

Comme on l’a déjà vu pour d’autres articles, dans les  inventaires des successions, figurent d’abord les biens immobiliers, puis, les biens mobiliers. Les esclaves figurent au début de la liste des biens mobiliers.

Parce que je trouve cette partie très intéressante, même si elle est un peu hors-sujet, je recopie ci-dessous les biens immobiliers mentionnés dans l’inventaire avant les esclaves.

Le 20 aout 1811, à Colombier, à la requête de Mr Jean François MAGRAS comme commun en biens avec dame Rosalie GRÉAUX son épouse décédée le 22 février dernier, on procède à l’inventaire des biens de la succession. Par un acte de 1803, ils ont donné à chacun de leurs 10 enfants une portion de terre à l’Anse Gascon, et par un autre acte de 1804, un esclave à chacun.

– L’habitation principale se situe au dessus de l’Anse Gascon et compte environ 16 carrés y compris les 10 portions données aux enfants. Il y a une maison en charpente et une autre avec couverture de paille. Cette habitation avait été achetée en 1739 (acte notarié le 11 juin 1739 à Saint-Pierre en Martinique).

– Il y a une autre habitation à l’Anse Gros Jean, de 10 carrés qui avait été achetée le 8 juillet 1777.

– Et aussi l’habitation du Colombier d’environ un quarré et demi qui provient du partage en 1786 de l’habitation de son père Jean MAGRAS.

– Une moitié de l’habitation « La Grande Pointe qui fait partie de l’achat de 1777.

– Une autre portion de terre à l’anse des Flamands qui provient de l’héritage de la mère de Jean François, Angélique AUBIN (duquel je déduis que ses parents, Jean AUBIN et Marie TARDIEU demeuraient à Flamands).

 Arrive la liste des esclave, et le premier, c’est « Le capre nommé Joseph dit ZING, créole de cette ile et âgé d’environ 38 ans». On peut déduire qu’un de ses parents est noir, un autre mulâtre, et qu’il est né à Saint-Barthélemy vers 1773. Viennent ensuite, treize esclaves et trois enfants en bas âge.

FRANOM FSB 305 – Succession de Rosalie GRÉAUX

Selon le détail de l’attribution des esclaves dans la donation de 1807, Joseph appartient à Jean Louis SERGE (époux de Marie Louise MAGRAS). Antoine MAGRAS s’est vu attribué la régresse Rozette que je ne la trouve pas dans la liste des esclaves (à moins qu’elle y soit sous un autre nom).

Plus bas, il est dit que les enfants lui ayant laissé le choix (entre autre) des esclaves qu’il voulait garder avec lui, Jean François MAGRAS choisi de garder « le capre ZING » ainsi que 5 autres esclaves (Jean Louis CERGE récupère « le négre Barthelemy » à la place). Antoine MAGRAS, lui, obtient Pierre dit Congo.

En 1811 donc, l’esclave Joseph dit ZING appartient à Jean François MAGRAS de Colombier.

Quinze ans plus tard, le 4 octobre 1826, on procède à l’inventaire des biens dépendants de la succession d’Antoine MAGRAS décédé, vivant habitant l’Anse des Flamands avec son épouse Jeanne Rose BRIN (originaire du quartier de Public). On peut noter que sur la terre de Flamands, le couple possède une maison et une « case à ouragan ». Viennent les esclaves, et en premier sur la liste « Le nègre Joseph dit Zing, âgé d’environ 55 ans, créole d’ici ». Suivent plusieurs esclaves, avant d’arriver à « Rosette ou Rose, négresse créole d’ici, âgée d’environ 31 ans avec son nourrisson de 6 mois ». Il y a plusieurs enfants esclaves qui sont dits être ses enfants (on ne sait pas qui est le père): « Louis, nègre d’environ 8 ans, Joseph, nègre d’environ 6 ans, Rosalie, négresse d’environ 3 ans ». Je n’ai que l’inventaire, pas le partage, je ne sais donc pas qui récupère quel esclave ensuite. On peut penser que nous sommes en présence d’une ébauche de la famille ZINGUE, avec Joseph et Rosette ou Rose et au moins deux enfants, Joseph et Rosalie, que nous retrouverons plus tard. Selon ce document, Joseph dit ZING est né vers 1771 et Rosette Rose, en 1795.

Le 12 octobre 1836, « il a été procédé au partage des biens de la succession de feu Jeanne Rose BRIN veuve Antoine MAGRAS selon l’inventaire de ce mois d’octobre ». Je n’ai malheureusement pas cet inventaire, seulement le partage, et le document est non seulement très difficile à lire, mais aussi particulièrement abimé. Antoine et Jeanne Rose n’ont que deux héritiers, Jean Joseph MAGRAS époux de Marie Magdeleine Joséphine DANET dite Delphine, et Julie Anne MAGRAS épouse de François Adolphe DÉRAVIN. Les biens sont donc partagés en deux, assez simplement.

Le « nègre Joseph » figure dans le partage, mais sans aucune valeur car il est atteint d’une fistule sur un de ses bras. Il reste à la charge des héritiers qui s’engagent à prendre soin de lui jusqu’à sa complète guérison. Un peu plus bas il est estimé tout de même, puis, juste après lui, on trouve Rose dite Rosette avec un enfant « au berceau ». A suivre, sans aucun détail, Rosette ou Rosalie, Jean Louis, puis des esclaves que je pense être des enfants car de plus faible valeur, Auguste et Nicolas qui vont à Jean Joseph MAGRAS. Il me semble que celle que je pense être une fille de Joseph ZINGUE et Rosette dite Rosalie, une Rosalie qui doit être âgée de 13 ans environ, va dans le lot de François Adolphe DÉRAVIN. Est-ce que ce Auguste est notre Jean François dit Auguste ZINGUE ? C’est ce que je pense.

Plus rien concernant la famille ZINGUE avant la mise en place du Comité d’émancipation graduelle et d’évaluation des Esclaves. Plus précisément, en ce qui concerne la famille ZINGUE, en Février et Septembre 1847.

Ci-dessous un tableau récapitulatif des esclaves émancipés et ayant appartenu à François Adolphe DÉRAVIN ou Jean Joseph MAGRAS. J’ai indiqué leurs présences sur les successions de 1826 et 1836.

On s’aperçoit que Joseph dit ZING ne figure pas dans la liste des émancipés. Soit il est déjà libre, soit il est décédé avant 1847.

On y retrouve notre Auguste né vers 1825, ce qui se trouve pile dans la moyenne des estimations des naissances estimées vues plus haut pour Jean François dit Auguste ZINGUE.

On trouve aussi des frères et sœurs que j’aborde rapidement ici :

Rosalie ou Marie Béatrice selon les actes : elle épouse en 1854 un Jean Louis « LÉDÉE » dit Antoine ou Moran ou Adonis selon les actes (il est né esclave de Jean Marie DUZANT). Ils auront cinq enfants sous le nom LÉDÉE à l’anse des Flamands.

Jeannette ZINGUE: elle figure sur le recensement de 1878 âgée de 43 ans, ce qui colle avec celle du tableau. Je n’ai rien d’autre sur elle.

Une Marie baptisée en 1823, fille de Rosette esclave d’Antoine MAGRAS. Je suppose que c’est une sœur, mais pas de preuve.

FRANOM – Baptêmes esclaves 1823
FRANOM – Baptêmes esclaves 1823

Marie Louise ZINGUE qui décède en 1901 et dont il est dit qu’elle est une sœur de Jean François ZINGUE. Elle serait née vers 1829 mais je n’ai rien d’autre sur elle.

Joseph ZINGUE qui serait né vers 1828. Il épouse Dorothée BELLEVUE, née esclave à Public. Ils ont 6 enfants et sont cultivateurs à l’Andrieux à Colombier, mais je n’ai pas de descendance à Saint-Barthélemy. Il décède en 1861. La succession indique que Jean François est son frère, et les enfants ses neveux et nièces. La maison leur appartient, mais ils n’ont presque rien, et le terrain appartient à Salomon TURBÉ

Catherine ou Eléonore dite Catherine ZINGUE qui serait née vers 1844 à Colombier. C’est sans doute elle qu’on libère le 23 février 1847, avec sa mère, et trois de ses frères. D’après le recensement de 1878, elle aura un enfant, Théodore LÉDÉE avec un Théodore LÉDÉE en 1863, et un autre, Augustin DANIEL, avec François DANIEL, en 1867.En 1883, elle épouse Abraham Auguste RICHARDSON, journalier à Gustavia, où elle décède en 1928, sans avoir eu d’enfants de son mariage.

Mais revenons à notre Jean François dit Auguste ZINGUE !

Comme nous l’avons vu plus haut, il épouse, le 29 mai 1857, une Marie Rose dite Rosine THÉLÉMAQUE, elle aussi descendante d’esclave, même si pour l’instant je ne sais pas de qui. J’ai bien une piste, le baptême le 12 janvier 1817 de  Marie Rose, régresse âgée de 3 mois, fille naturelle de Thélémaque et de Marie Louise, esclaves de Nicolas VENTRE. D’après le mariage, elle a 26 ans, donc est née vers 1828. Ses parents sont dits habitants de Porterique (Puerto Rico).

Le couple aura 8 enfants :

1 et 2   -Anne Marie et Anne Elisabeth, jumelles nées le 18 septembre 1858 et baptisées le 30 octobre. Anne Marie décède à Colombier en 1902. Elles n’ont pas de descendance.

3          -Marie Rose, née à Colombier vers 1860, je n’ai rien sur elle en dehors de sa mention sur le recensement de 1878 et son décès à Colombier le 18 juin 1950.

4 et 5   -Jean François et sa jumelle Anne Euphrasie nés le 25 octobre 1862. Je n’ai pas la preuve de ces dates, mais elles sont considérées comme sûres par les ZINGUE de Saint-Thomas. Seule Anne Euphrasie aura une descendance avec une fille Marie Alexandrine « dite Mayotte » qui nait le 30 avril 1891 à Colombier de père inconnu et qu’elle reconnait en 1903. Marie Alexandrine épouse Louis Philippe Léopold GRÉAUX « dit Cong » né le 14 septembre 1899 à Colombier (fils de François GRÉAUX et de Marie Jeanne Rose TACKLING). Marie Alexandrine élèvera Anancia Simone GRÉAUX dite Nancy née du premier mariage de son mari en 1925. Le couple n’aura pas d’enfant, et « Mayotte » décèdera à Saint-Thomas le 21 mars 1981 (on peut noter que sur un document Américain concernant son décès, un père est indiqué, un Alexis DANET), tandis que « Nancy », mariée avec un Thomas BROWN, décèdera en Caroline du Sud le 19 octobre 2007.

Euphrasie « Frasie » ZINGUE

6 et 7   -Marie Elida et Lucie Elisabeth sa jumelle, nées le 12 mars 1867. Marie Elida décède à Colombier en 1934, sans descendance. Lucie ou Louise Elisabeth épouse George Thomas BOSTON à Saint-Barth en 1897. Thomas est natif de Saint-Christophe, où sa mère est décédée. Le père de Thomas, remarié à une descendante d’esclave née à Grand Fond vers 1836, meurt dans ce quartier en février 1897. Lucie et  Thomas auront une fille, Flavie Mélanie « dite Flarie» qui nait à Saint-Kitts en 1903 et décède à Colombier en 1978.  Lucie Elisabeth décède à Colombier le 5 février 1917. Il n’y a pas de descendance. Toutefois, Il semble y avoir des erreurs entre une Lucie Elisabeth ou Louise Elisabeth ou Marie Louise.

8          –Pierre dit « Cétout », l’arrière-arrière grand-père de la dame de Saint-Thomas qui nait à Saint-Barthélemy le 8 décembre 1868 d’après sa descendance (l’acte n’est pas disponible). Il semble que Pierre ait, dans un premier temps, émigré vers Saint-Thomas, puis Saint-Martin ou Sint-Maarten où il semble rencontrer sa première femme Mary Elizabeth VLAUN (on ne sait pas s’ils étaient mariés) née vers 1877 sur cette même île.

 Ils ont un premier fils, Gaston, qui nait à Sint-Maarten en 1897, on ne sait rien d’autre sur lui.

Sur le recensement de Saint-Thomas en 1901 (l’île est toujours Danoise), on retrouve Pierre ZENG, pêcheur et propriétaire dans le quartier appelé « Honduras » de French Town. Il vit là avec sa femme, ses deux enfants, et sa belle sœur, Cassanina VLAUN.

Dans un recensement de 1911, Gaston n’apparaît plus. Il est aussi dit que Pierre est arrivé à Saint-Thomas en 1885 alors que Elizabeth n’est arrivée qu’en 1896. Marie Elizabeth VLAUN décède en 1912 10 jours après la naissance d’une petite fille.

Les enfants sont répartis chez des amis, Pierre ne pouvant pas élever tous ces enfants.

On le retrouve propriétaire à French Town, toujours dans le quartier « Honduras » en 1914. Saint-Thomas est toujours Danoise à cette époque.

Dans le 1er recensement Américain en 1917, après le rachat des Iles Vierges au Danemark, Pierre, boucher, âgé de 56 ans, habite avec une Béatrice LAVERGNE et les trois enfants qu’elle avait eus auparavant. Beatrice donne naissance à un fils de Pierre, Cyril Martin en novembre 1917.

Pierre ZINGUE décède le 28 janvier 1918, plus d’un an avant son père.

            9          – Il y aurait une fille Caroline née vers 1855 et décédée le 29 septembre 1948, mais il n’y a rien d’autre sur elle.

Marie Rose THÉLÉMAQUE  la première épouse de Jean François,décède le 16 février 1898 à Colombier selon l’état civil, et le 17, selon le registre paroissial.

Jean François dit Auguste ZINGUE, alors âgé de 83 ans tout de même, épouse Anne Agathe LÉDÉE qui n’en a que 33 le 5 juillet 1904 au quartier de Lorient.

Anne Agathe est aussi une descendante d’esclave. Sa grand-mère paternelle (Adèle « dite GRÉAUX ») est une sœur de Jean Jaques « dit GRÉAUX » (esclaves et petits enfants de François GRÉAUX).

Son grand-père maternel, Thomas BENJAMIN était esclave d’un BERNIER du vent, sa grand-mère Agathe dite DUZANT, esclave à Colombier de François Salomon TURBÉ (on les retrouve dans la liste des esclaves affranchis en date du 18 aout 1846 où Louise, la mère d’Anne Agathe, a 1 an). On peut noter que Louise, la mère d’Anne Agathe, est certaines fois indiquée sous Marie Louise « TURBÉ » (du nom de son ancien propriétaire).

Anne Agathe LÉDÉE nait à l’Anse des Flamands d’où son père, Jean LÉDÉE dit Fouanne ou Jonni est originaire, lui aussi descendant d’esclaves, alors que sa mère est née à Camaruche. Tous les oncles, tantes, cousins et cousines qui sont mariés le sont avec des descendants d’esclaves ayant des relations familiales antérieures ou ayant été esclaves dans les mêmes quartiers ou pour les même propriétaires. C’est comme cela, par exemple, que l’on retrouve des mariages inhabituels pour cette époque, entre Flamands et Camaruche. Il y aurait sans doute de quoi faire des études intéressantes sur ces mariages.

Jean François ZINGUE et Anne Agathe LÉDÉE auront trois enfants (c’est cette famille que l’on voit sur la photo). Les trois enfants sont nés à Camaruche chez la famille de sa mère déjà décédée. On peut noter aussi que l’état civil leur donne le nom de famille FRANÇOIS ! Pour je ne sais quelle raison, l’officier d’état civile a dû penser que le père s’appelait Jean FRANÇOIS et que ZINGUE n’était qu’un surnom. C’est en 1935, par une décision du tribunal civil, que les trois enfants récupèrent leur patronyme ZINGUE.

François Philippe, qui fut marin, né le 1er avril 1905, décède le 25 décembre 1980.

François Philippe ZINGUE – Collection famille ZINGUE

Jean Joseph, né le 16 septembre 1907 décède le 28 octobre 1937.

Marie Marguerite dite « Magritte » née le 20 avril 1913, décède en Guadeloupe le 24 juin 1979, des suites d’un grave accident chez elle.

Sortie de la messe à Colombier – « Magritte » ZINGUE est à droite – Photo père BORADORI

Songez, en regardant cette photo prise sans doute vers 1917 – 1918, que ce vieux monsieur presque centenaire, est né esclave sur notre île, qu’il a arpenté ces mornes où ne poussent plus maintenant que des villas, pendant près de 20 ans en tant qu’esclave.

François Philippe ZINGUE, Jean François dit Auguste ZINGUE, Marie Marguerite ZINGUE, Anne Agathe LÉDÉE épouse ZINGUE, Jean Joseph ZINGUE – photo collection famille ZINGUE

Sur cette photo, alors presque centenaire, il est libre depuis près de 80 ans, entouré de sa femme et de trois de ses enfants.

Le nom ZINGUE a disparu, comme l’esclavage, mais cette photo, témoignage exceptionnel, est là pour nous rappeler qu’il y eut, à Saint-Barthélemy, des ZINGUE, et des esclaves.



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4 réponses

  1. si seulement tout ca était enseigné à l’école…

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  2. Je rappel de marie Marguerite et son beau sourire sur la photo en couleur
    .
    Merci Jérôme pour tout ca

    jean-yves

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  3. Marguerite était belle et avait aussi une belle âme et très travailleuse a aidez beaucoup de famille de St Barth je ne l oublie et lorsque je vais au cimetière j ai toujours un clin d œil sur sa tombe Qu elle repose en paix..

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  4. This is my family. May the memories and the stories of their lives live forever. Thank you Mr. Montoya for all of your assistance in helping me to uncover the long lost story of the ZINGUE of St. Barths. Your records prove that they existed. My prescense here on this site proves that even all these years later, they are loved.

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